Vous vous souvenez de la Britpop ? Les mèches et le cuir de Suede. Les frangins vulgaires de Oasis. Les dandys de Pulp. Et bien entendu l’élégance londonienne de Blur. D’autres groupes ont joyeusement offert au Royaume Uni un âge d’or de la pop. Qui semble bien loin.
Mais comme dans une bonne vieille émission de téléréalité, on peut avec l’actualité jouer à Que sont-ils devenus?
Trente ans plus tard, les stars d’hier sont-elles aussi rayonnantes? Peuvent-elles encore avoir des choses à nous dire ou nous faire entendre ? S’enivrent-ils encore de bières tiédasses ? Vivent ils dans la rue? Où en sont-ils de leurs soucis judiciaires ? Après cet article vous saurez toute la vérité sur… Oups ça devient un peu racoleur tout cela ! Pardon… c’est si facile.
Avec les Cardigans, l’incroyable Nina Persson a fait tomber en amour de nombreux mélomanes dans les années 90. Les sages petits Suèdois sont devenus une machine à hits spectaculaire qui un beau jour a préféré se saborder au lieu d’attendre le naufrage. Mais la chanteuse a poursuivi son chemin sur la voie d’une pop mélodieuse, obsédée par l’élégance…
Et en 2023, elle continue de pousser sa jolie voix sur des contrées fleuries et ravissantes. Aidée par le discret James Yorkson et le Second Hand Orchestra, elle joue la belle des champs. Mené par Yorkston, les titres sont effectivement d’un autre temps. Une pop qui se fout des modes et reste sur des refrains à base de « Lalalaaa »… et vous savez quoi ? Ça fonctionne parfaitement. On dirait des morceaux inachevés de Divine Comedy et des maquettes de Scott Walker, période folk et costume trois pièces.
Certains passages sont graves. D’autres ont une liberté légère. C’est de toute façon délicieux comme une tasse de thé, au coin du feu.
Plus corsé est le cocktail servi par l’inépuisable Gaz Coombes, chef de la plus drôle des comédies anglaises des années 90, Supergrass. Merveilleux groupe qu’il faut redécouvrir : les clowns sont parfois les plus futés pour balancer des vérités : ça marche aussi avec le rock’n’roll.
Turn the Car Around n’a évidemment pas le charme adolescent de Supergrass mais continue de mettre en avant le talent d’écriture de Gaz Coombes qui devient un secret un peu trop gardé de l’empire musical britannique. Ce type sait faire de belles et solides chansons qui viennent vous cogner l’esprit et le cœur.
Son quatrième album solo est de la même humeur que les précédents : simple et magnifiquement arrangé. Coombes n’a pas peur d’échapper à son genre de prédilection et montre bien qu’il vit dans son temps en auteur totalement épanoui.
Moins surprenant, est le nouvel album des increvables Belle & Sebastian, Late Developers. Depuis 1996, ils réalisent le même disque. De la pop de chambre. L’indépendance et l’obstination du groupe peut lasser mais aussi impressionner.
Les standards de base ne changent pas. Le groupe a connu très peu de départs. Ils ont des ritournelles légères et charmantes mais avec le temps, Belle & Sebastian devient un iceberg de la pop. Le temps s’y fige mais les nuances de ton trouvées par le groupe font plaisir. Ce onzième opus est comme les autres. Ca pourrait être un défaut. Avec eux, c’est un gage de qualité.
Rien ne semble abimer ce groupe insubmersible, à la poésie toujours présente et d’une délicatesse mélodique sans comparaison possible.
Bref, finalement, ils ne font plus grand chose de nouveau tous nos anciens de la Britpop mais ils prouvent aussi qu’ils ont toujours la flamme. En tout cas on n’est pas près de parler d’eux dans TPMP ou dans une émission de Morandini…