Revoilà les bisounours du psychédélisme, les enchanteurs du bidouillage, les dieux de tout Californien haut perché… le quinzième album des Flaming Lips montre à quel point le groupe vole toujours et encore dans les étoiles et les nébuleuses.
Ce groupe a un grand mérite: il a une légende. On ne compte plus les anecdotes sur ce groupe farfelu de Wayne et Marc Coyne (parti rapidement), qui a grimpé de l’underground au top de la hype avec une douce folie innée et une sorte de jemenfoutisme qui rend le groupe réellement intouchable.
Voilà un groupe qui depuis 1983 donne tout son sens au mot « expérimental ». Si les Flaming lips se fume, vous pouvez être sûr que c’est de la bonne. Difficile de les suivre. Dernièrement, on les croisait sur l’album de l’adolescente rebelle qui aime jouer à touche pipi, Miley Cyrus. D’ailleurs on va la retrouver dans ce disque au titre digne d’un album de Magma. Ils aiment bien leur statut d’extraterrestres: ca leur permet d’atterrir là où ils veulent. Peter Gabriel, période Genesis, peut aller se rhabiller!
Une fois de plus leur représentant sur Terre se nomme Dave Fridmann, producteur qui les suit depuis bien longtemps et fait tout pour concentrer leurs efforts et leur énergie débordante. Quand ca fonctionne, cela donne le magnifique The Soft Bulletin, pépite de pop explosive et vivifiante.
Ca fonctionne plus ou moins bien selon l’envie des artistes le reste du temps. Ce quinzième album a l’ambition évidente de revenir un peu à la formule gagnante des Flaming Lips: de jolies pirouettes sonores colorées. Mais attention à l’éparpillement!
Aussi la première chanson nous emmène t elle sur leur planète, où l’on redécouvre des réverbérations et des échos en tout genre? La voix intervient sur le second titre et elle aussi est trafiquée pour nous transporter dans un monde bariolé, qui a ses secrets.
Ils sont parfois bien enfouis. On glisse parfois sur des rochers opaques et sonores. Ce n’est pas facile de comprendre leur démarche tant ils peuvent partir vers un ailleurs bien barré, au delà du psychédélisme, pas loin du foutage de gueule arty. Mais de temps en temps, plus c’est gros, plus ca passe!
Heureusement il y a des pépites aussi. On fore dans leur musique pour arriver à des endroits plus pop et apaisés. On reconnait avec plaisir des vrais talents d’écriture. Le style est plus électro et moderne mais il y a des idées lumineuses comme l’impressionnant There should be Unicorns ou le solaire Sunrise.
Comme d’habitude, il faut laisser du temps pour mûrir un avis sur ce groupe inclassable qui ne fait rien comme tout le monde. On est souvent dérouté mais comme les grands disques, il y a des petits secrets qui se livrent à chaque écoute et on adore finalement l’ambition des arrangements, même s’ils sont parfois déjantés.
Warner Bros – 2017