Justice divine et justice humaine, créatrices de mythe, destructrices de vie, destins innocents, destins corrompus, nous voici face à nos origines.
En une Trilogie
En trois actes
En une famille
Romeo Castellucci crève nos yeux, les scènes dépècent nos inhumanités, rien, rien auquel se raccrocher, il faut abandonner jalons, prudence, la quiétude si elle a jamais existée. La tragédie, la tragédie grecque, l’humanité son berceau de sang, les meurtres infanticides matricides parricides, les guerres les folies les viols les incestes, les vengeances le destin les jugements engagent le combat
La famille, la sacrée la putain le bras armé
Jalouse, menteuse, injuste
A la pointe de beautés dépouillées, hallucinées, Castellucci nous empale
Nus d’excès, abondance des chairs
« Si tu ne parles pas mon langage, parle avec ta main »
Elle parle, modelée sur des mots violents face au lapin blanc luisant, son masque colle à nos blessures, la boue du sang laboure nos esprits
Merde, cadavre, le fracas des origines
L’organique, la guerre de sang, la guerre des chairs
Leçon d’anatomie, sacré des scènes, tableaux éclairés à la bougie du temps
Clair-obscur, l’histoire universelle aux portes de l’Antique, le roi est fou, la guerre est folle, la chair est folle
Cannibalisme du regard, derrière le voile du mythe se joue notre raison
Les souillures au tranchant de la hache aux cris des larmes
Coups portés, disque déraillé, tout ce qui est matériel est suspendu au-dessus du plateau, les corps y rampent y souffrent y saignent y jouissent
Exécutions sommaires, dépouilles et drapeaux noirs, images d’apocalypse baignées de rouge
Têtes découronnées
Tirades la peau collée au visage, les mots collés à la bouche
Guerres sources de sperme de trahisons de pouvoirs, les mythes se croisent, se chevauchent jusqu’à la CHUTE
Histoires du langage dévoreur de langage, il faut tuer la mère baiser le père tuer son père baiser sa mère tout est à recommencer réinventer répéter, mouvement de balancier, les corps blancs comme de Butô, les sources originelles, l’écho, on rhabille l’hérésie on immole le rêve
Terre d’inceste, tête à cornes, oscillation du temps sur le poitrail de la bête
Les singes pleurent
Un souffle vital élève les dépouilles et ressuscite les morts
Les symboles à toute allure inscrivent leur langue
Aveugles, à présent nous pouvons voir
Jusqu’au 20 décembre 2015
Au théâtre de l’Odéon – Paris 6e
Orestie (une comédie organique ?) d’après Eschyle
de Romeo Castellucci
avec Loris Comandini, Giuseppe Farruggia, Marcus Fassl, Carla Giacchella, Antoine Marchand, NicoNote, Marika Pugliatti, Fabio Spadoni, Simone Toni, Georgios Tsiantoulas