Passeport retrace le récit d’Issa, Érythréen, migrant vers l’Angleterre. Il atterrit dans la jungle de Calais et y perd la mémoire suite à un violent affrontement.
Il ne lui reste que son passeport avec son nom et le conseil d’une bénévole : créer des liens pour ne pas rester seul. Il fait donc connaissance avec Arun, indien au sourire contagieux et Ali, syrien, à l’âme poète. Avec ses compagnons d’aventure, comme un air de Rasta Rocket avec leurs bonnets sur la tête, ils vont affronter le froid, les imbroglios jargonesques de l’administration et croiser l’histoire de Lucas, jeune homme adopté des Comores par un couple de Calaisiens.
Une pièce accessible à tous. Même et surtout ceux pour qui théâtre rime avec élite. Avec Michalik, on est assuré du rythme, de l’enquête, des punchline (palme à Kévin Razy), des valeurs humanistes. Mais on aurait bien fait l’impasse sur les odeurs de fumées de cigarette, de l’histoire un peu trop romancée et les raccourcis du récit bon enfant dont les enjeux politiques ne peuvent être éludés.
Ceci écrit, avec Passeport, Alexis Michalik a le mérite de mettre en avant toutes ces mains tendues qui permettent de faire société. Son imagination, la finesse de jeu de ses comédiens permet d’approcher ces réalités migratoires si complexes et pétries de dureté. Récit initiatique, Passeport est aussi une méditation sur la famille humaine, et sur la relation à l’autre par delà les frontières.
Hymne à la solidarité, à ce qui rassemble et non divise, elle invite à réfléchir à notre sens de l’accueil. Elle questionne chacun des spectateurs sur son identité, sur ce qui est subi, ce qui est choisi, ce qui rend libre et ce qui asservit. On sort surtout de la pièce avec une admiration pour le courage et la ténacité de toutes celles et ceux qui migrent vers une autre destinée. On se sent encouragé à devenir les visages de l’hospitalité et de la multiculturalité.
Jusqu’au 30 juin 2024
Théâtre de la Renaissance, Paris Xème
de 12€ à 60€