Voilà, ça sent la rentrée à plein pif, l’odeur du Ricard traine encore un peu, mais s’approchent dangereusement la remise des tongs dans le placard d’en bas, le pliage des maillots de bain dans lesquels on était vachement fier de rentrer encore dedans malgré toutes les desperados englouties, et on va pas tarder à nettoyer le barbecue…oui, ça transpire quand même méchamment la fin de l’été.
Bien sûr, les habituelles réjouissances seront également au rendez-vous ! Rechargement avec entrain du Pass Navigo, RER bondé pour se faire plein de nouveaux amis zombis, montée de la température à 30 degrés pile poil le jour de la reprise alors que tu as pris la pluie plein la tronche pendant toutes tes vacances, perte de bronzage en moins de 2 jours alors que tu as mis 3 semaines à essayer d’avoir une foutue marque de lunettes de soleil, l’arrivée proche des mois d’octobre et novembre, qui, rappelons-le, ont autant d’utilité que l’invitation de tes cousins de Charentes à ton mariage, t’es forcé de passer par là mais franchement…pourquoi faire ?
Heureusement, pour te récompenser de tes efforts de mec bien, à quelques jours de ta reprise, chaque année, courant août, à la télé, y’a sport. Autant t’as eu du mal à aller courir trois fois pendant tes vacances, autant te caler le fessier dans le canapé à mater du championnat d’Europe d’Athlétisme, du Tour d’Espagne, de l’Us Open, de la coupe du monde rugby féminine, de la F1 et t’endormir devant comme un faisan muri au rosé bien frais…bah là oui pour le coup, t’es vachement plus à l’aise.
En revanche, pour peu que tu aies pour habitude, désormais finalement assez banale, d’avoir un œil sur ton LED HD 165 cm Ready sound dolby to the sun in the sky with technology surround hdmi power 3d flash et merde la box déconne à plein tube faut rebooter, et de ton autre œil (nos amis cyclopes, lecteurs de mes chroniques, m’excuseront de prendre appui sur la grande majorité de la composition corporelle humaine, à savoir avoir deux yeux) voir défiler frénétiquement des tweets ou des vannes facebookiennes sur ta tablette ou ton smartphone, tu t’apercevras rapidement que quand les gens regardent le sport, ils en pratique un autre le « Commentateur sportif Bashing » (rien n’à avoir avec le mec qui chantait Gaby, je vous arrête de suite).
Le « Commentateur sportif bashing » consiste, toujours bien calé dans ton canap’ cuir, à balancer, bien planqué incognito lunettes noires, derrière ton pseudo de réseaux sociaux, courageux quoi, de balancer pique sur pique sur les faits et gestes des gars qui sont derrière le micro, quelques heures, parfois des journées entières…
Les cibles préférées des critiques masqués en herbe, bah évidemment ceux qui tiennent l’antenne longtemps, très longtemps, ou qui font beaucoup, voire beaucoup d’audiences…
Selon les tweetos fous, Christian Jean-Pierre il y a quelques siècles aurait été déjà brûlé vif puis écartelé chaque semaine en place publique, Thierry Adam guillotiné puis
lunché puis livré aux lionhyènes (animal de compagnie des cyclopes, mi-lion, mi-hyène). Pour quelles raisons ? Juste parce que les types, passionnés, voix rageuse, s’emballent, s’expriment, encouragent, chauvins parfois, oui bon, et nous ? On soutient le coureur Slovaque dans la montagne, on hurle « alleezzzzzz la Norvège » lors d’un France-Danemark (oui, on peut être très con et confondre le Danemark
et la Norvège) ? Non, bon.
Mais le mega winner du bashing du moment, Patrick Montel.
Le cas Patrick du gars Patrick n’est pas neuf, du tout même. Voilà 30 ans que le garçon, dont on a pu moquer la coupe au bol et son air étudiant en informatique DOS-XP des 80’s, tient le micro lors des grands événements d’athlétisme, que seule, ou presque, France TV diffuse. On raille ses emballements, ses youpi lors des médailles françaises, ses tutoiements des athlètes…et alors ? Il est où le problème.
On s’est foutu de la gueule de Thierry Roland toute sa vie, entendre sa voix sur les rediffs de la finale de 98 fout les larmes aux yeux de 90% des gens. Quand le Patrick prend l’antenne à 8h30 du mat pour commenter un marathon et la lâche à 22h après une médaille d’argent au lancer du disque, prend le temps le soir de discuter avec les déçus et les ravis du jour dans l’intimité des couloirs, hors antenne, est le porte-parole de dizaines de techniciens et travailleurs de l’ombre, pour que toi, justement, avec ta bière et ton mini drapeau tu vives le truc bien…tu voudrais quoi ? Un mec de canal + stéréotypé ? Un mou ? Un sans faute ?
Non…moi pas.
Allez, Patrick, reste, déconne pas.