Une femme est seule sur scène. Une femme qui nous fait rire pendant une heure. Dans cette période difficile et douloureuse, c’est un véritable miracle. Et pas une seule place vide, deuxième miracle.
Avez-vous déjà vu ça ? Des gens qui rient sans cesse pendant une heure ? Et qui, en sortant de la salle, se sourient, sans se connaître, heureux tout simplement.
Oh, Christine Murillo, nous ne vous remercierons jamais assez de ce moment-là où vous avez été elle, la grande Pauline Carton, mais aussi vous, la comédienne aux quatre Molière, l’actrice, la réalisatrice, celle qui écrit. Bref, celle pour qui les mots sont une vibration, un souffle, une respiration. Et les vivre de tout le corps, une seconde nature chez vous.
J’avais eu l’occasion de vous voir dans Dis à ma fille que je pars en voyage en 2004 au Théâtre du Rond-Point. Pour cette magnifique prestation, vous aviez obtenu un Molière. Malgré les années qui ont passé et les pièces que j’ai vues depuis, je n’ai jamais oublié celle-là. Idem pour la personne qui m’accompagnait.
J’ai vu Pauline Carton dans de nombreux films, toujours en bonne, en gouvernante ou en concierge pas commode. Mais pourquoi donc cette grande bourgeoise, fille du bras droit d’Haussmann, affectionnait-elle tant ces rôles-là ?
Sacha Guitry l’appréciait beaucoup, et aimait sa grande culture. Toutefois, contrairement à l’une de ses rivales dans les rôles de concierges et de bonnes, Jeanne Fusier-Gir, elle ne l’a jamais tutoyé.
Pauline Carton cultivait aussi l’autodérision, comme le prouve cette citation : “Je n’ai jamais pu faire un concours de beauté : on me colle toujours dans le jury.”
Et c’est ce personnage savoureux, cette comédienne comme on n’en fait plus qu’interprète Christine Murillo avec brio. Sans oublier d’y mettre sa touche grâce aux mimiques et aux imitations. Et la mise en scène sobre de Charles Tordjman, épurée, dans une atmosphère bleutée, obscure mais pas trop, une chaise, une table, quelques objets, met en valeur le (beau) travail de la comédienne.
Jusqu’au 17 décembre 2023,
puis du 16 mars au 23 juin 2024
Théâtre La Scala
13, boulevard de Strasbourg – 75010 Paris
Le samedi à 15H30 et 19H30 et le dimanche à 15H30