En Corrèze, au mois de janvier, le soleil a percé durant 43 heures. C’est peu. Dans le Nord, les frites et les moules ont consolés les amateurs de cette absence remarquable. Aussitôt revenu, le soleil a donné envie de faire la fête.
Dès qu’il s’est mis à nous réchauffer, on s’est rappelés de l’invention de la terrasse de café, du farniente et de la bamboche. Un peu de soleil et hop, on a plutôt le désir d’un rapport chaleureux et surtout humain.
C’est ce qu’on aime dans le bon vieux rock’n’roll qui vient d’en bas. Il est sincère, en sueur et tatoué. Il vous propose de voler dans les plumes de l’autre mais cela reste fraternel et les bleus au corps prouvent que nous sommes terriblement humains. C’est le cas des légendaires Dropkick Murphys qui viennent de réaliser un disque pourtant beaucoup plus calme.
Tout est relatif. Les Irlandais de Boston ne sont pas du genre à se laisser aller au slow facile. On est toujours dans la tradition folk du trèfle à quatre feuilles. This Machine Still Kills Fascists mélange le punk et la folk avec une dextérité incroyable. Ça donne un style particulier qui donne soif (et pas de l’eau) et l’envie de pogoter dans la joie et la bonne humeur.
Ici, le groupe a voulu un disque plus roots. L’acoustique prend sa place. Les hommes de Boston rendent hommage à Woody Guthrie, inspirés par une visite des archives du musicien. Ils ont piqué des textes. C’est donc la défense héroïque d’un art populaire qui raconte les misères de la working class et qui célèbre la dignité, le pardon… On se croit chez les curés mais ils auraient plus de succès s’ils avaient le talent naturel et enthousiaste des Dropkick Murphys. Avec eux, le punk celtique est une vraie messe !
Le gros rock qui soulève les foules, c’est aussi la volonté du groupe Oai Star. Ici, on est dans le sud de la France avec d’autres problématiques mais aussi des petites histoires de petites gens. Et on décide d’en faire des concentrés d’énergie électrique où le soleil est dans les cœurs (avé l’accent).
Formé par deux membres de Massilia Sound System, Oai Star doit être spectaculaire sur scène avec ses cuivres lâchés et ses rythmes endiablés poursuivis par une guitare assez réjouissante. Mais sur disque, ils prennent le temps de rigoler (on croise Guillaume Meurice) de toutes les misères qui hantent le sud, son racisme ordinaire, ses lâchetés tranquilles et son histoire populaire.
Mais tout cela pour un résultat festif marqué par le rock : on cite allègrement AC DC et le Hellfest. Encore une fois, c’est la gloire du peuple et l’envie de le secouer, le divertir et de rire avec lui. Merci pour lui !
Moins rigolo, le groupe canadien Fucked Up qui comme son nom l’indique, n’ai pas toujours bien dans ses baskets et sait aborder des sujets plus difficiles que les filles, la bière et les copains. Néanmoins leur musique peut réveiller le vilain zazou que vous avez toujours voulu être. Une musique de tarés !
C’est donc du rock matraqué et des instruments maltraités que l’on entend l’album One Day. Ça sue à grosses gouttes pour des riffs ardents et une rythmique lourde comme un interview politique chez Hanouna.
Comme les deux autres disques, il y a un fond prolétaire qui se révèle très réconfortant et même rassurant. Le son est massif. Le chanteur est plutôt un hurleur. Mais le disque a été réalisé en 24 heures et on entend constamment un élan spontané et une énergie qui fait plaisir à entendre.
Avec du soleil, on a juste besoin de courir dehors, se faire lécher les joues par les rayons et se remettre à la bamboche… simple et tous ensemble! Mieux qu’une manif, un bon vieux pogo les amis !