Le kid de Minneapolis domine de la tête et des épaules cette année 84 avec l’album de sa consécration en tant que super star des eighties. Et pas pour rien : Purple Rain est sans doute son meilleur album. Explications en 4 points.
Risqué comme ça d’avancer, surtout pour un génie aussi prolixe que Roger Nelson, que Purple Rain est son « desert island album », comme disent les Anglo-Saxons. On s’en mordra peut-être les doigts au moment d’aborder 1987 et Sign O’ The Times, mais tant pis. Voici quatre raisons d’y croire :
D’abord parce que ce disque illustre le mieux le style musical de Prince, qui, sur les traces de Sly Stone et Stevie Wonder, a su réaliser un parfait métissage entre funk et pop. De ce point de vue-là, Purple Rain est son œuvre la plus consistante et la plus équilibrée. Il y a dans Purple Rain le funk furieux de 1999, que tous lesfanatiques du bonhomme portent aux nues, et aussi la pop à la Sergeant Pepperd’Around The World In A Day. En fait tout ce que Michael Jackson tentait de faire, mais en dix fois plus génial et surtout avec dix fois plus de prise de risques.
Ensuite, parce que c’est son album le plus intense. Il suffit d’écouter Let’s Go Crazy, morceau complètement barré, qui commence par un prêche pas très catholique sur fond d’orgue, enchaîne sur une rythmique funk-metal endiablée pour finir sur un incroyable et orgasmique crescendo de guitare. Album intense musicalement, avec une invention musicale à la seconde, des arrangements et des structures rythmiques et mélodiques incroyablement complexes, des couches d’instruments qui semblent infinies, et des plus belles parties de guitare de tout Prince. Intense aussi dans l’attitude et les textes, où Prince se montre tout aussi vicelard qu’à ses débuts. A ce sujet, une adectode : c’est après avoir entendu sa fille Kareena écouter « Darling Nikki » dans sa chambre que Tipper Gore ( la femme d’Al) eu le choc de sa vie et décida de lancer la campagne qui aboutit au fameux sticker « Parental Advisory » qu’on vit ensuite sur maint pochettes, des Guns n’Roses à Ice T.
Enfin, l’album mérite le panthéon du rock car il hébèrge deux bombes classés au patrimoine : When Doves Cryet Purple Rain, soit la quintessence de l’art princier, un slow épique dans la continuation du Maggot Brain de Funkadelic, et une sorte de funk psychédélique qui marque dès la première écoute (pour moi ce fut sous la tente une nuit de l’été 1984 dans le jardin de mes parents à la campagne).
Et puis aussi car c’est l’album qui fit de Prince, exactement comme lui-même l’avait prédit, une énorme star, et un exemple de réussite à la fois artistique et commerciale : 10 millions de galettes vendues alors que ses 5 albums précédents cumulaient à trois milions de ventes, c’est pas rien…