Une émouvante tournée/hommage ultime au chorégraphe américain décédé en 2009.
Le Théâtre de la Ville clôture son année 2011 en accueillant un double programme de la Merce Cunningham Dance Company. Nous avons assisté au deuxième programme de cet hommage, qui, comme le précédent, proposait trois pièces différentes parcourant les grandes phases de l’oeuvre chorégraphique de Merce Cunningham.
RainForest (1968), Duets (1980) et BIPED (1999), joués du 20 au 23 décembre, permettaient donc d’avoir un panorama assez satisfaisant du travail de Merce Cunnigham dès ses premières créations jusqu’à une de ses chorégraphies les plus récentes.
Les spectateurs ont pu se remémorer ou découvrir pour la première fois le formalisme d’avant-garde des propositions de Merce Cunningham : ses essais de renouvellement des codes classiques – ses danseurs jouant de l’équilibre des corps et de leur perpétuelle rupture – et de rencontre libre et fortuite entre les mouvements et les sons (en l’occurrence les compositions de David Tudor, John Cage et Gavin Bryars).
La danse de Merce Cunningham met en scène un minimalisme obstiné, une recherche infatigable autour du geste, des plus simples mouvements des membres et de la relation entre les corps. Les danseurs déploient ainsi toutes les possibilité organiques de leur corps : chaque mouvement d’un membre est une proposition en soi, une tentative autonome de penser le geste.
BIPED, construite autour d’une rencontre entre les danseurs sur scène et les images virtuelles créées par des capteurs présents sur les corps des danseurs, représente le point culminant des recherches de Cunningham : toute la scène devient mouvement pur, la plus grande virtuosité esthétique ne nie pas le minimalisme des débuts.
La pièce communique une sensation très agréable de pacification. Jusqu’au bout Merce Cunningham aura poursuivi ses recherches sereinement, une joyeuse surprise continuelle autour des possibilités infinies des corps.
Gloria Morano
© Etat-critique.com – 28/12/2011