Presque 15 ans après, le duo de tête des Jayhawks est de retour avec cet album acoustique, intime et nostalgique. Les fans seront comblés, les néophytes pourront découvrir leurs ritournelles folk aux harmonies vocales délicates et intemporelles.
On aime bien les Jayhawks à Etat critique. Pour ceux à qui le nom ne dit rien, il s’agit du groupe phare (avec Wilco) du mouvement Alternative country apparu au tout début des années 90. On dit aussi « Americana », mais en fait c’est tout simplement du country-rock inspiré par Gram Parsons ou les Byrds, sorte de réaction à la froideur distante du son eighties, et à la ringardisation à la même époque de la country « officielle » made in Nashville.
Groupe du Minnesota au son californien, les Jayhawks nous avaient comblé avec deux très bons albums, Hollywood Town Hall (1992) et Tomorrow The Green Grass(1995), pleins d’harmonies vocales célestes signées Gary Louris (voix aigue, look à la Voulzy) et Mark Olson (voix grave) et de parties de guitare électrique rappelant le meilleur de Neil Young avec Crazy Horse. Puis Olson était parti en 1995, les Jayhawks avaient continué sans lui jusqu’en 2003, dans une direction plus pop.
Depuis les deux compères ont mené des carrières solo respectives avec parfois de fort bonnes réussites (voir Vagabonds, de Louris, chroniqué dans nos colonnes, ouThe Salvation Blues de Mark Olson).
Cependant, on ne pouvait s’empêcher d’attendre de les entendre chanter ensemble à nouveau. Louris et Olson, en country-rock, c’est un peu les Lennon-McCartney, les Simon and Garfunkel, toutes proportions gardées bien sûr.
Et, tout de suite, dès les premières secondes de « The Rose Society », première et bien jolie chanson, on les retrouve, ces deux voix jumelles, un peu plus rauques et usées par l’âge, mais toujours aussi complices.L’album est nettement plus acoustique que ceux des Jayhawks, plus intime, les deux songwriters s’invitent un peu dans votre salon, et se payent par là-même un hommage appuyé à leurs idoles, les duos de country d’avant le rock, Monroe, Delmore ou Louvin Brothers, qui inspirèrent à leur tour les Everly puis Simon et son grand copain blond.
Privées d’électricité, les chansons n’en restent pas moins très Jayhawks, peut-être un peu plus matures, un peu plus indolentes aussi. Ca s’emballe rarement, sauf sur le bluesy « Chamberlain, SD, » et les arrangements restent confinés au strict minimum : guitares sèches et parfois un orgue, une mandoline ou une slide guitar pour meubler le tout, une austérité qui, j’espère, ne découragera pas les néophytes. On remarquera deux superbes ballades aux parties de guitare en fingerpicking, « Saturday Morning On Sunday Street » et « Black Eyes« , où la formule acoustique joue à merveille.
Les textes ne sont pas exempts d’une certaine amertume. On sent que depuis les Jayhawks la vie n’a pas toujours été rose pour ces deux quinquas. « Are we going to find each other/In this great big dark of night, » se demandent-ils à un moment. Qu’on les rassure, même dans le noir, ils se retrouvent les yeux fermés. Et nous aussi, pour notre plaisir.
2008 – New West