C’est un peu le disque prêt pour analyse. La vie de Sharon Van Etten a changé donc son style est différent. Oui, c’est vrai mais en plus, c’est vraiment bien.
Sharon Van Etten est un âme damnée du rock. Une jeune femme torturée qui se livre sans fard dans des albums épurés et rudes. Elle a sa petite réputation dans le milieu indépendant. Récemment la demoiselle s’est clairement embourgeoisée.
Elle est allée à l’université pour reprendre des études. Elle a joué dans deux excellentes séries. The OA sur Netflix et Twin Peaks de monsieur David Lynch. Ca en impose et ca remet une couche sur le coté indé-intelligent.
En plus de cela elle est maman. Donc la torture et le repli sur le nombril sont de lointains souvenirs pour Sharon Van Etten. Elle s’ouvre et c’est ce qui plait dans Remind Me Tomorrow, œuvre tout de même introspective mais qui s’accomplit totalement musicalement.
Avant c’était sans retenue. Désormais, la musicienne brode. Elle introduit des touches d’électro. Les synthés tapissent ses douleurs. D’autres instruments ont désormais leur droit d’entrée dans son univers triste mais plus désespéré.
On pense un peu à Patti Smith qui se mettrait à l’electro. On imagine une song writer qui s’émerveille devant la technologie. Et qui s’en sert habilement pour gratter ses souvenirs (l’épatant et pop Seventeen). L’absurdité de son existence trouve enfin une résonnance harmonique dans une orchestration qui ne manque pas de nous secouer.
Difficile d’être indifférent à cette femme qui donne tout dans ses chansons. Ses chansons donne l’impression d’un désordre assez organisé. Cette évidente contradiction fait tout le sel de cet album intime et fascinant.
Pias – 2019