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Rendez vous avec la peur

Jacques Tourneur ne voulait pas du monstre à cornes qui se promène dans les bois. C’est vrai qu’il est franchement rigolo et casse sérieusement l’ambiance. Même dans un train fantôme, on ne voudrait pas de   cette baudruche mitée!

Pourtant il reste désormais dans la conscience cinéphilique car il est entouré à l’écran d’un film d’horreur qui continue de fasciner des années après sa réalisation. Jacques Tourneur a raison de tourné son film en Angleterre, car là bas, les traditions et les légendes sont peuplés de créatures mystérieuses et mystiques.

Le savant américain qui déboule au Royaume Uni est un peu comme nous: on ne va pas nous la faire. On a tout vu, tout connu, bien attaché à un solide bon sens commun et une vision du monde bien terre à terre. Ce n’est pas une série B des années 50 qui va nous la faire!

Et pourtant… Jacques Tourneur, Français parti aux Etats Unis, va réussir à créer une ambiance dont il a, seul, le secret, la formule magique! Il a réalisé Vaudou, La Féline et Angoisse dans les années 40. Il s’est fait un nom avec un art certain et fin du suspense et du fantastique.

Son film surprend par sa première scène où un démon vient électrocuter un scientifique. Il fait marrer mais le ton doucement devient étrange: Tourneur observe avec prudence toutes les formes de peur et on comprend qu’il apporte une définition filmique de la terreur au cinéma… et dans la vie.

Il y a donc un gros monstre malvenu dans le film mais il y a une étude habilement cachée dans un pseudo polar fantastique sur les rapports humains avec les mythes, la religion et les forces occultes. L’Américain va voir petit à petit (et nous aussi grâce au superbe travail de la photo et de la lumière) son assurance se faire rogner par des craintes qu’il avait certainement oublié.

Entre les esprits, les médiums et les malédictions, notre héros est malmené et finit par se méfier de tout, dans une atmosphère de plus en plus angoissante. C’est cela qui fait franchement plaisir à voir et revoir. La modernité de l’ensemble continue d’épater les curieux.

La peur se partage entre tous les personnages. L’iconographie de la peur (dont la figure du clown) s’épanouit sous nos yeux. Les décors et la musique développent une ambiguïté admirable. Entre les deux plans sur le monstre en carton, il y a bien un chef d’oeuvre incroyable, marquant avec il faut (re)prendre rendez vous. Immanquable!

Avec Dana Andrews, Peggy Cummins, Niall McGinnis et Maurice Denham – Wild Side avec un livre incroyable de Michael Henry Wilson sur le film!

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