Un chœur contemporain qui rend hommage aux exclus et appelle peut-être la chute d’un système.
Marta Gornicka est une jeune metteuse en scène et chanteuse, formée à Cracovie et Varsovie. Depuis 2009, elle cherche et crée un nouveau théâtre avec son nouveau jeu d’acteur propre et son nouveau type de récit.
Dans REQUIEMACHINE, 26 acteurs-chanteurs scandent notamment des vers du poète Wladislaw Broniewski, face public, dans une chorégraphie épurée et un décor minimaliste.
Broniewski (1897-1962) fut envoyé en prison une première fois en 1931 pour avoir collaboré à une revue communiste et une deuxième fois, en 1939 il fut arrêté et envoyé en prison par le pouvoir communiste lui-même (il sera libéré en 1941). Dès 1918, il avait dédié son travail d’auteur aux luttes révolutionnaires, appelant à la liberté, créant et s’inspirant de refrains prolétariens.
Marta Gornicka s’inspire de ses écrits pour en nourrir une machine étrange, un chœur contemporain à la diction robotique. Ce collectif s’exprimant comme un corps à 26 têtes, donne à voir des bouches vociférantes et des mâchoires tendues dans un dispositif frontal: Marta Gornicka, debout parmi les spectateurs, dirige sa troupe dans un alphabet gestuel étrange. Une parole unie et puissante s’élève, évoquant le monde du travail, qui prend l’homme pour une machine, et le système libéral qui globalement nous prend tous pour des marchandises.
Marta Gornicka dit que, dans les poèmes de Broniewski, « les mots sonnent comme des balles et la langue qui les crache est une arme ». C’est un spectacle âpre qu’elle nous offre. Ici, point de divertissement mais une forme-machine originale.
Jusqu’au 30 novembre 2015
Théâtre Nanterre-Amandiers.
Tous les jours à 20h30, sauf jeudi à 19h30 et dimanche à 15h30. Relâche le lundi.
Spectacle en polonais surtitré. Durée 50 minutes.