Ca swingue illico. Une orgue hammond fait des misères à un orchestre qui doit suivre. Ezra Furman fait dans la fanfare rock’n’roll, old school, vintage mais plus qu’originale!
Ezra Furman est un loufoque. Il doit être fan de Randy Newman ou Elvis Costello. Pour lui, chaque chanson est une petite histoire qui doit vivre toute seule. Restless Year ouvre le bal de son troisième album avec une danse endiablée irrésistible et une production résolument tournée vers le passé.
Cet aspect nostalgique, soupçonné d’être réactionnaire, est très à la mode. Mais il y a une vraie modernité dans l’écriture de Ezra Furman. Il y a des cuivres et des belles cordes dans tout son disque mais avec sa voix qui s’égosille, le chanteur a quelque chose du punk californien.
Ce n’est pas non plus Green Day. Il n’a pas le style du punk mais bien l’attitude en maltraitant des ritournelles mid tempo. Il accélère tout le temps le rythme ce qui donne un résultat entraînant et spectaculaire. Pour une fois, c’est vrai: avec du vieux, Furman fait du neuf!
Rien de révolutionnaire pour autant! C’est du rock bien allumé et décomplexé. Le petit gars de Chicago exilé à San Francisco, recycle avec bonheur les vieilles formules qui marchent comme la mélodie cabossée mais soutenant un vrai lyrisme. Il y a quelque chose de bizarre dans chacune de ses chansons. Furman donne l’impression d’être le seul artiste à étudier son imperfection. Mais jamais au détriment d’une écoute attentive. C’est un disque enjoué qui fait plaisir à entendre.
Mais il a l’art de se démarquer systématiquement par des petites touches (parfois de mauvais goût). Il en fait peut être trop mais cet album a une vraie personnalité et joue la carte de l’indépendance avec un rare bonheur! Insaisissable puisqu’en mouvement perpétuel!
Bella Union – 2015