Pour les vacances, on visite le Monde en musique avec quelques disques à mettre dans ses bagages. Aujourd’hui le Mexique. La politesse aurait voulu que l’on parle de Gabriela y Rodrigo. Cependant quand on vient du metal et d’un pays au machisme assumé, les habitudes sont tenaces ! En tout cas, l’album possède d’autres qualités plus louables!
Ce sont deux fans de metal. Cette bonne vieille musique qui consistent à réaliser des albums bruyants avec un maximum de virtuosité. Gabriela Quintero et Rodrigo Sanchez se voyaient bien secouer leurs cheveux sur des riffs diaboliques et rapidement tricotés par leurs doigts agiles.
Ils ont tenté l’expérience avec un groupe de trash metal mexicain mais très vite, les délires acoustiques ont pris le dessus. Petit à petit les deux guitaristes se sont faits une solide réputation… dans les pubs irlandais ! L’Europe est devenue leur terre d’exil pour leur flamenco musclé.
Car leur album éponyme possède l’énergie brute et peu mesurée du hard rock. On n’est très loin de la grâce d’un Paco de Lucia. Le flamenco ici n’est pas très raffiné. Mais l’idée de hardos s’essayant à la musique traditionnelle est franchement amusante !
Après les préjugés, Rodrigo y Gabriela devient un disque plaisant. L’amour de la musique transparaît. Les deux guitares offrent de beaux moments habiles et avertis. La technique amène une reprise géniale et ouverte de Stairway to heaven. Les morceaux sont soignés avec des intrusions d’autres instruments qui aèrent l’ensemble.
On sent les deux musiciens roublards (Damien Rice les a découvert, Dave Matthews les apprécie beaucoup) mais les tics du hard revus à la guitare classique, cela vaut une écoute attentive. On peut être déçu. On peut aussi s’étonner de cette légère instrumentation pour des amateurs de sons lourds. Le mélange est fragile mais permet de s’évader durant neuf chansons. La mondialisation, c’est aussi ça : des Mexicains adoptés par des Irlandais, troquant un son brutal pour une tradition andalouse et gitane ! Avouez que cela réveille la curiosité !
Rubyworks – 2007