La compagnie du Lierre marie avec créativité le théâtre, les chants, la danse et les arts martiaux pour nous conter une histoire au cœur de l’Iran. Exigeant mais décevant.
Une belle affiche de Karen Schlecker Wilson avait attiré notre regard sur la pièce mettant en scène des contes iraniens au Théâtre de l’épée de bois. Charmant théâtre, contes d’une culture très attirante mais méconnue, les ingrédients étaient réunis pour se laisser séduire.
A l’initiative du projet : le franco-iranien Farid Paya. Fier de sa double culture, il décide d’adapter des contes du poète iranien Ferdowski et de les mettre en scène. Ambitieux.
Ce conte est l’histoire d’Esfandhiar, fils du roi d’Irân. Valeureux guerrier, il assure la sécurité et la sérénité du royaume de son père. Mais la reconnaissance de ses exploits multiples ne lui suffit pas. Il aspire à monter sur le trône. L’attrait de la royauté le pousse alors à accepter une mission périlleuse : ramener au palais un dissident exilé, Rostam, qui a décidé de vivre à l’écart du royaume, au Zâbolestan. Tous deux réputés invincibles, ils vont se livrer un combat sans merci.
Il est vrai que l’Iran est un pays de légendes, de croyances. Il nous évoque le raffinement, la fierté, la beauté mais ses contes n’excluent pas la violence. L’histoire de Rostam et Esfandiâr est avant tout guerrière. La haine, la rancœur et la soif de vengeance y règnent en maître.
Grâce à un décor unique : une pièce de tissu aux couleurs chatoyantes sur le mur de pierre du théâtre et des costumes soignés d’Evelyn Guillin, la pièce parvient à nous transporter en Perse… si l’on fait abstraction du parquet grinçant… Mais une Perse guerrière.
Un des plaisirs des contes est de dresser des morales par les aventures que vivent les personnages. Mais en l’occurrence le spectateur ne se reconnait ni dans Rostam ni dans Esfandiar, ni dans la violence de leurs combats ni dans leurs tentatives de conciliation. Le silence qui règne dans la salle pendant le spectacle est autant dû à l’absence d’interactivité qu’à ce peu d’engouement et d’empathie.
La seule morale que l’on tire de ce spectacle porte sur la tendance guerrière de l’humanité quand on souhaiterait que le théâtre l’élève vers la paix.
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