Johan Duncanson et Martin Larsson n’aiment pas beaucoup leur époque. Ce sont un peu les Calimero d’un rock moderne et synthétique. Ils ne leur arrivent que des catastrophes. Mais cela donne ici un très bon disque.
Ils trouvent que le Monde manque d’amour mais il est vrai qu’ils ont un peu de la malchance avec leur groupe The Radio Depts. Au début des années 2000, ils étaient très appréciés par leur musique inspirée par le shoegazing et une pop éthérée. Sofia Coppola leur pique un titre pour son film Marie Antoinette.
Ensuite ca se complique. Les musiciens sont interchangeables et leur maison de disque sort les crocs. Ils mettront six ans pour sortir leur quatrième album, le temps de régler tous les problèmes. Cette attente a fait du bien au groupe. Il a muté vers quelque chose d’encore plus fort qu’avant.
Car le duo Suèdois vire carrément à l’électro. Il y a encore des instruments mais il y a surtout des ambiances urbaines, dansantes et passionnantes. Leur son a quelque chose qui nous échappe. Leur présent est vraiment fait du passé classieux de références choisies et d’un futur assez expérimental assez convaincant. Car il y a encore des mélodies et des textes. Des chansons donc!
Car sous les belles nappes de synthétiseurs, il y a des titres énervés qui ont la bonne idée de ne pas être énervants. Le duo est malheureux et le dit en dénonçant tous les maux de la société et spécialement le fascisme qui rampe dans toutes les sociétés.
Ils le font avec une infinie délicatesse sonore. C’est perspicace. Car le message est finalement plus accessible. Ce sont des rebelles polis à l’élégance mesurée. Ils n’en font pas trop. Il y a ce qu’il faut ici pour que le mélomane soit aussi satisfait que le militant.
Le cri d’alarme a le grand mérite d’être original. Ca renouvelle le genre même! Ca fait du bien! Un peu d’amour de la musique!
Labrador – 2016