Non, non, on ne va pas s’intéresser au climat extrêmement détendu autour du communautarisme, de la peur de l’autre, du burkini et de la rentrée politique délétère. Sérieusement si on ouvre un livre ou une bande dessinée, c’est bien pour fuir ce genre d’horreurs qui s’étalent dans nos journaux.
Pourtant certains politiciens poussent les idées réactionnaires comme un idéal de vie. Morgan Navarro est un auteur tourmenté par les idées un peu basses de plafond qui trouvent de l’écho chez les politiciens. Il est bel et bien dans l’air du temps ce dessinateur qui se raconte avec humour. Il a beau faire des efforts, ce parisien a des idées bien arrêtées sur tout.
Beaucoup sont honteuses. Au delà de la gauche et de la droite, il a des remarques parfois stupéfiantes et très drôles car la honte finit toujours par le hanter. Morgan Navarro a un avis sur tout mais il ferait bien de réfléchir avant d’ouvrir sa bouche. Mais il ne peut pas s’en empêcher. Le réac de service, qui se sent un peu opprimé, est un costume qu’il assume. Avec maladresse évidemment.
Tiré du blog diffusé par le Monde, la bédé est une succession de scènes où l’on est obligé à un moment ou à un autre de se reconnaître ou retrouver quelqu’un que l’on connaît. Mais de toute façon, même si le trait est grossi (rien à voir avec le dessin moderne et élégant), on est et sera toujours le réac de quelqu’un d’autre.
Donc Navarro taquine le parisianisme et les idées reçues pour sonder la société française. Depuis l’excellente bédé Mon Ami Dhamer, Derf Backderf explore l’Amérique un peu réac, un peu beauf, un peu pauvre. Les fameux White Trash qui font le succès de Donald Trump et ses idées aussi farfelues que violentes.
Backderf a parlé de violence puis de musique. Désormais il disserte sur les poubelles. Après avoir stoppé ses études, un gamin trouve un petit boulot d’éboueur. Il a une nouvelle vision de la société américaine en devenant ramasseur de poubelles. Une fois de plus Derf Backderf continue d’observer avec minutie et horreur, la banlieue qui s’ennuie très sérieusement.
Bien entendu, le bonhomme s’inspire une nouvelle fois de sa vie passée et se passionne pour les détails qui font la petitesse de ses contemporains. Il y a les clients bizarres, les collègues usés, les chiens carnassiers… le quotidien est finalement plein de surprises pour le héros cynique et toujours surpris par les étrangetés de l’ordinaire.
Là encore, ca égratigne la bêtise, la haine et toutes les choses qui sont hélas d’actualité! En tout cas, Navarro et Backderf ont le grand mérite de prendre toutes ses vilaines choses pour nous faire rire et réfléchir… ce qui n’est pas rien de nos jours!
Ma vie de Réac de Morgan Navarro – Dargaud – 117 pages
Trashed de Derf Backderf – Ca et là – 237 pages