Le théâtre Semianyki est de retour en France. Du déjanté à ne pas manquer !
Ils sont passés en France il y a deux ans. Rapidement le succès est arrivé. Complet jusqu’à la fin, la rédaction n’a pas pu prendre part au phénomène. Cette fois-ci, c’est fait. Et le plaisir est à la hauteur de l’espoir attendu.
Les Semianyki sont une bande de clowns russes qui fondent leur travail sur des situations burlesques et exclusivement visuelles. Agrémentée d’une bande son calée au millimètre, cette famille plus déjantée que jamais donne une représentation de tableaux drôles, poétiques et corrosifs à un rythme effréné.
Composée d’un père alcoolique, d’une mère enceinte et de quatre gamins espiègles et complètement allumés, la famille enchaîne les gags les uns après les autres avec plus ou moins de succès mais jamais sans tomber dans le mauvais goût. Si facilité il y a, elle est immédiatement pardonnée par une scénographie et des personnages au maquillage et aux costumes convaincants. La séduction est totale. Cette famille pourrait s’apparenter à la famille Adams quand elle exalte les pulsions cruelles de l’âme humaine, ou à la famille idéale quand tendresse et poésie s’en mêlent.
Avec une mention spéciale à la mère, Olga Eliseeva, qui tient la scène à elle toute seule, on appréciera particulièrement la scène du tableau dans laquelle le fils ainé, Kasyan Ryvkin, manie une craie sur un tableau matérialisé par le simple bruitage de la craie. Une jolie prouesse technique qui fonctionne à merveille. On reste conquis.
Les Semianyki ont le sens du spectacle populaire. Les références musicales donnent des repères rassurants et on se surprend à rire comme un gamin de facéties plus roublardes les unes que les autres. Le spectacle bascule régulièrement dans la salle : une bataille de polochons ne fait pas peur à cette famille prête à exploiter toute forme de folie.
Avec un final explosif, le spectateur ressort l’œil attendri et le sourire aux lèvres en pensant aux moments hilarants. Une bonne bouffée d’oxygène à ne pas laisser passer !
Théâtre du Rond-Point, Paris – 3 mai au 2 juillet 2011