Emmanuel Demarcy-Mota restitue fidèlement la géniale intrigue de Luigi Pirandello et parvient même à l’embellir par sa mise en scène grandiose.
Six personnages entrent dans un théâtre, cherchant un auteur pour représenter leur drame, qu’ils prétendent aussi vrai qu’ils sont vivants. Là, dans la salle où un directeur répétait avec ses acteurs, la mise en abyme imaginée par Luigi Pirandello peut alors commencer. Pour le directeur qui veut bien se montrer indulgent et s’interrompre pour écouter leur récit, aussi saugrenu soit-il, les personnages ne peuvent ni jouer, ni être vrais, car ceux qui jouent ce sont les acteurs, ces mêmes acteurs qui donnent vie, alors que les personnages, eux, restent dans le texte.
Fidèle aux précises consignes laissées par Luigi Pirandello dans ses didascalies, Emmanuel Demarcy-Mota parvient, par des placements impeccables et des éclairages parfaitement orchestrés, à ce que les six personnages ne puissent pas être confondus avec les acteurs de la troupe. Pourtant, confrontés à des personnages vivants, très vite, ces acteurs ne trouvent plus leur jeu et personne ne semble plus savoir ce qui sépare le réel du fictif, le vrai du faux, et surtout, où commence et s’arrête le théâtre.
Un directeur peut-il mettre en scène la vie? Ne faut-il pas forcément l’écrire puis la représenter par l’intermédiaire de comédiens, comme si seuls des professionnels étaient susceptibles d’atteindre le vrai? Toutes les questions posées par Luigi Pirandello sont magnifiquement posées de nouveau par Emmanuel Demarcy – Mota et sa troupe et on se retrouve autant subjugué par la force du texte que par la beauté de la scène: ses ombres, ses lumières, ses décors, son rythme et ses effets techniques d’une esthétique parfaite (texte qui s’envole, manteaux qui dansent dans les airs).
Du grand théâtre.
Jusqu’au 31 janvier 2015