Plus sombre, plus triste, plus beau, les morceaux de Nick Cave et ses bad seeds impressionnent encore une fois. Au fond du trou, le corbeau australien continue de chercher la lumière. Inlassablement.
Skeleton Tree sera de toute façon, un disque particulier. Celui du deuil. Celui de la perte. Celui d’un très grand artiste. Nick Cave a connu des hauts et des bas avec son groupe, les Bad Seeds. Depuis toutes ses années, c’est bien normal. Artistiquement, il s’est parfois perdu même on a toujours apprécié son goût pour un rock saugrenu, entre Tom Waits et Johnny Cash. Avec un petit supplément d’âme barré ou baroque!
Cette fois ci, c’est la déprime. L’artiste vient de perdre son fils adolescent dans un accident. La douleur est donc omniprésente sur les huit chansons de Skeleton Tree. C’est en effet un album décharné, au minimalisme assumé, où seule la musique est importante. Sorte de geste de rédemption, petite parenthèse pour un homme en souffrance.
La musique est donc un peu plus synthétique mais la voix elle psalmodie. Il y a encore de la force. On l’entend même si les mots sont rudes, difficiles et ne cachent plus les émotions. Un peu comme le BlackStar de Bowie, l’émotion n’est plus que dans la voix, sincère. Le reste n’est qu’illustration. Heureusement les Bad Seeds ne sont pas des feignants. C’est très beau. Presque doux! et lumineux!
Pourtant la tragédie est partout. Jusque sur la pochette. D’un noir presque gênant. Lui qui a toujours décrit les marginaux, les fous, les illuminés, est une fois de plus hanté, comme jamais, par la douleur, la culpabilité et tous les sentiments les plus tourmentés. A 58 ans, l’expérience est là, de plus en plus douloureuse. Les 39 minutes de ce disque sont pour lui, un moment face à la mort. Le calme n’est qu’apparent. On a l’impression de l’entendre suffoquer sur certaines phrases.
Face au pire, il reste debout. Il écrit encore. La fragilité est là. Les copains aussi: ils lui fabriquent des airs évaporées mais élégiaques. Ce disque est presque une prière. On avait peur d’assister à un supplice. C’est clairement une des choses les plus sensibles que l’on peut entendre cette année.
Bad Seeds LtD – 2016