Après 18 ans de silence, le groupe hurlant et barré Faith No More revient. Un retour rapide et d’une efficacité radicale. Le temps n’a pas de prise sur eux visiblement!
Au début des années 90, la vie des metaleux etait magnifique. Axl Rose et Slash s’entendaient bien: Guns’n’Roses sortaient Use Your Illusion 1 et 2. Metallica sortait son album black. Nirvana entraînait dans son sillage Soundgarden, Pearl Jam ou Alice In Chains. Le Grunge faisait bouillir des riffs ébouriffants. Sonic Youth signait chez Geffen. La fusion explosait avec les Red Hot Chili Peppers. C’est cette étiquette que l’on avait scotché à la bande de Mike Patton, Faith No More!
Le funk était dilué dans son rock brutal et déroutant. l’excentrique Mike Patton prend alors les commandes du groupe avec l’album Angel Dust en 1992, chef d’oeuvre qui défie tous les styles, tous les genres, toutes les dissonances. Encore aujourd’hui, il reste un monument de cette glorieuse période pour le rock musclé.
Faith No More essaie toutes les expérimentations. Ca lui vaut une existence chaotique qui semblait se terminer en 1998. Dix ans plus tard, ils se reforment pour quelques concerts. Et puis les revoilà, 18 ans après leur dernier opus pour un nouvel essai qui montre que le groupe a conservé son goût de l’aventure et de quelques folies.
Avec deux décennies de plus, ils composent un disque court (37 minutes) pour mieux concentrer toute l’énergie si particulière de Faith No More. Visisbelement ils aiment toujours autant surprendre et dérouter. Une fois de plus, ca ne ressemble à rien de connu, une sorte de patchwork enragé et spectaculaire.
Mike Patton et ses copains se sont retrouvés après d’autres projets et de nombreux groupes. Le chanteur le plus fou de la planète a traversé tous les styles (excellent album de reprises italiennes) durant toutes ses années. Il avait besoin de retrouver Faith No More pour une nouvelle rasade de riffs hardcore et d’idées délirantes. On n’est pas déçu de ce retour. Les fans vont apprécier le patchwork sonore qui est la marque de fabrique du groupe de San Francisco.
Les autres seront peut être un peu hermétiques aux étranges délires du groupe, un peu plus dark, un peu moins funk mais profondément sincère. Ca ne sent pas (trop) l’opération commerciale. Au contraire, on avait oublié leur exigence et le génie vocal qu’est Patton tout comme les autres musiciens, héros discrets, révoltés de la musique et joyeux drilles du metal.
Ipecac – 2015