Je connaissais Elif Shafak pour m’être laissé emporté par son roman « La bâtarde d’Istanbul ». Déjà je découvrais en cette romancière une grande dame.
Soufi, mon amour, conforte ma première impression, voire, la surpasse.
Quelques cinq cent pages d’amour et de poésie, de celles dont sont capables les romancier.e.s moyen-orientaux.
Au-delà de l’écriture, belle, propre, parfois envoûtante, l’auteure s’est appliquée à découper ses histoires en alternant les époques. Je dis, ses histoires, car elles sont deux, se déroulant en un écart de huit siècles.
Du Moyen-Age turque au contemporain étasunien, Elif Shakaf nous parle d’Amour, celui universel. L’Amour des autres, l’Amour des univers, et même, l’Amour de soi, car aimer commence par se connaitre, ce qui prend pour beaucoup d’entre nous, toute une vie.
Elif Shakaf rythme ses textes suivant la progression de quarante règles, parfaitement chronologiques en s’adaptant aux évolutions et aux situations.
Si le texte proposé est régi par l’Islam et le Soufisme, on comprend vite que cette sagesse surpasse les clivages religieux et les exégèses partisanes. L’Amour est avant tout une affaire de femmes, d’hommes, bref, d’Humains, capable de mettre à terre les lois et les dogmes pour se concentrer et entrer dans le halo de la vraie sérénité.
Au-delà du message, Soufi, mon amour, est aussi une fantastique plongée dans l’Anatolie du treizième siècle, ravagée par les guerres mongoles, mais merveilleuse et si pleine de vie.
Un très beau livre qu’il faut lire en se débarrassant de ses préjugés.
480 pages / 9,60€
Collection Littérature étrangère
Traduit de l’anglais (Turquie) par Dominique Letellier