Deuxième album d’un groupe déconcertant,qui tourne autour du southern rock mais célèbre la soul music. Tout en trompe l’oeil, Sound & Color est un disque passionnant.
Brittany Howard, Heath Fogg, Zac Cockrell, Steve Johnson et Ben Tanner. Voilà des noms qui logiquement composent Alabama Shakes, groupe de rock qui rappelle logiquement les prestigieux Lynyrd Skynyrd et tout un genre très sudiste, très rock, très électrique! Ca sent bon le sud des Etats Unis. On devine la poussière, la sueur et tous les mythes musicaux de cette contrée fascinante.
Première surprise: Sound & Color est un disque mid tempo. Pas d’hymne patriotique. Pas de guitare qui s’emballe. Pas de batterie qui cogne brutalement. Tout d’abord la voix de Brittany Howard, ambiguë et étonnante, aspire toute l’attention. La jeune femme n’aime pas trop la comparaison avec Janis Joplin. Elle n’a pas tort: elle a plutôt une voix masculine, qui gronde et qui lorgne sur la soul.
Deuxième surprise: c’est un disque assez suave et groovy. L’héritage du sud américain est nettement plus maîtrisé. On devine désormais une vraie personnalité dans ce groupe. Il joue habilement avec les faux semblants. C’est funky en diable même si les apparences sont tranquilles.
La première écoute peut décevoir. La seconde commence à révéler ses secrets. Le revival de surface est rapidement égratigné pour libérer un style libre, décontracté mais s’appuyant sur la performance vocale de Brittany Howard, révélation incroyable. Très vite, ce disque rend accro. On l’imaginait lisse: il devient labyrinthique et passionnant. Les musiciens ont caché des mystères dans toutes leurs chansons.
Comme le dit le titre de l’album, les goûts et les couleurs ça ne se discute pas. La qualité de ce disque est discrète et vous pète à la gueule. C’est un plaisir rare dans la musique: c’est indiscutable!
ATO – 2015