Still Life célèbre un disparu. Et surtout réussit à être un disque d’electro totalement habité!
Melati Malay a perdu son père. Elle est allée sur ses traces en Indonésie. Elle a passé un mois là bas et elle a enregistré des sons et des instruments. Elle est revenue un sac bien rempli de sons exotiques qui ont excité son ami, l’Australien Isaac Emmanuel. Ensemble ils forment Young Magic, groupe de Brooklyn qui bidouille des sonorités du Monde entier pour fabriquer des jolies chansons modernes.
Still Life est leur troisième opus et devrait se faire remarquer: c’est un très bel album, habité et puissant. Il y a en effet des bizarreries et des raretés sonores. Le duo arrive à donner de l’ampleur à leurs mixages bourrés d’idées assez fascinantes. Une chanson de Young Magic s’écoute plusieurs fois. Cette fois ci, la peine de la chanteuse s’est répandue sur l’ensemble du disque. C’est mélancolique tout en étant très vivant.
Le travail du deuil a inspiré les deux artistes. Musicalement c’est de la world music à l’épreuve de l’electro. Ca change de la French touch et de son efficacité redoutable. Il y a des instruments d’Indonésie et des cordes apaisées pour faire apprécier les mélodies détendues du groupe, adepte des subtilités, ce qui est assez rare.
Entre Java et sa tristesse, Melati Malay révèle une grande sensibilité et une profonde humanité à travers son chant. Difficile d’être insensible à Still Life. De l’introspection personnelle, on arrive à des morceaux touchants, moins synthétiques et d’une sincérité absolue qui finit par réellement nous toucher. On se sent bien ici. On y retourne avec plaisir. Chaque réécoute révèle des petits secrets de production!
Il y a un équilibre précaire mais réel entre les synthés, les boucles, les samples et les instruments dits classiques. Ils préparent un espace pour la voix douce de la chanteuse, beaucoup plus présente que sur les autres essais de Young Magic. Il y a en tout cas ici de la magie, c’est sûr. Le tour est habilement préparé. On est ravi de se faire avoir!
Carpark Records – 2016