Il va désormais trop vite pour nous. En vieillissant, face au temps qui passe, le Canadien Neil Young ne veut plus perdre la moindre minute et propose encore un disque en forme de gourmandise.
Car Neil Young tente de nouveau une nouvelle expérience. Il y a peu il sortait un disque enregistré dans les conditions primaires et primitives des premiers 45 tours. Cette fois ci, il part dans le sens inverse: il fait dans l’emphase avec un orchestre de 90 musiciens.
Neil Young était connu pour sa bipolarité éclectique: il aime les ambiances campagnardes avec sa guitare sèche comme il aime converser avec la fée électrique par le biais de sa guitare survoltée. Pape de la folk et du grunge en même temps: c’est pour cela qu’on l’aime notre papy Neil!
Ici, il fait donc une pause un peu luxueuse. Sa voix se coince parfaitement entre les accords mélodiques et les effets orchestrales. Toujours aussi, généreux, il donne aussi une version acoustique. Depuis 2012, il a sorti cinq disques et tous sont très différents.
Ce n’est pas toujours de bon goût. On le sent maladroit lorsqu’il fait le crooner avec un big band. Le militant est un peu mielleux dans ses textes mais son aventure orchestrale n’est pas à négliger. Le lyrisme y est plus classique dans la forme mais c’est aussi une marque de fabrique de Neil Young: son incandescente douceur.
On se sent donc bien avec lui (excellent final All those Dreams). Il y a toujours son harmonica pour nous consoler de quelques facilités. Il y a toujours cette voix si atypique et libérée qui nous élargit les idées. Ce 35e album représente une pause inattendue chez Neil Young qui s’imagine en producteur hollywoodien. C’est distrayant et surtout on se demande ce qu’il va nous inventer dans quelques mois. Difficile à suivre, mais c’est passionnant!
Warner – 2014