Film clandestin, Taxi Téhéran est une promenade bienveillante dans la société iranienne.
En 2010, le cinéaste Jafar Panahi n’a plus le droit de réaliser des films sur le territoire iranien durant vingt longues années. La censure ne l’empêchera jamais de faire des films. Taxi Téhéran est le troisième long métrage depuis l’interdiction: il lui a apporté la consécration à Berlin avec un Ours d’Or mérité!
Car Taxi Téhéran est un cours et une leçon de cinéma. Avec trois caméras placés dans un taxi, le réalisateur se met en scène pour poursuivre son combat contre les absurdités de la censure et les idioties d’une société trop rigide, refusant de voir les réalités qu’elle engendre!
Dans son taxi, la parole se libère. Le temps d’un trajet, les hommes et les femmes se livrent au delà de la bienséance. Les acteurs ne sont pas professionnels mais donne à voir cette société qui ne correspond pas aux préjugés et à la politique pourtant omniprésente en Iran.
Le vrai bonheur de Taxi Téhéran n’est pas cette recherche de la vérité mais plutôt la bienveillance du cinéaste-comédien. Il garde le sourire. Malgré des passagers déroutants. Malgré une pression constante qui le pousse à vivre dans une semi clandestinité. Pour lui la vi(ll)e pourrait être prison ouverte. Il serait enragé. Rien de tout cela: son film est d’un humanisme désarmant. Certains le taxeront d’angélique!
Ses astuces narratives et sa survie en tant qu’artiste révèlent une personnalité généreuse: on est ravi de visiter la ville avec lui. Il va à l’essentiel: on lui excusera les deux ou trois répétitions car il défend la place et l’importance de l’art dans la société.
Ce film est un geste de résistance. Il semble nécessaire. Il est drôle aussi. L’ironie y est lumineuse. Les conversations deviennent essentielles. Dans son taxi, il véhicule ce qu’il a de mieux chez l’homme, l’artiste ou la société. Il offre sur son chemin des raisons d’espérer. Un film salutaire!
memento films – 22 avril 2015 – 1h21