Des petits Danois doués imaginent le rock comme une gueul de bois. Ca fait presque du bien
C’est sans compromis. C’est donc un plaisir. Voilà un rock qui matraque, qui cogne, qui se croit à un match de boxe. La voix se prend pour Nick Cave et tournicote autour d’un rock plaintif mais costaud sur ses bases. Elias Bender Rønnenfelt est un esprit tourmenté. Il doit appartenir à la grande famille des corbeaux noirs qui s’installent sur une branche du rock pur et dur.
Du fin fond du Danemark, le jeune homme et ses musiciens font des confessions musicales. Il y a de la candeur et de la noirceur sur les mêmes morceaux. La cohabitation est étrange. On repense à toute l’angoisse discrète qui transparaissait dans les oeuvres du grunge, des groupes remplis d’énergie.
Les membres de Marching Church sont de jeunes adultes qui n’aiment pas grandir. Elias Bender Rønnenfelt est un peu trop jeune pour être aussi sombre. C’est l’impression que font leurs compositions, des bizarreries au look de rock garage mais beaucoup plus harmonieuses si on s’y intéresse. Ce troisième album pioche dans dans le rock qui veut se faire mal.
Il y a donc des guitares capricieuses. La batterie peut se transformer en tempête. La basse met la pression. Mais il y a aussi des pianos et des violons qui s’émancipent des clichés. Avec peu, le groupe parvient à une intense mise en scène. On peut leur reprocher cet aspect mais la démarche reste louable.
Ce second album du groupe est un peu foutraque de temps à autre. Le chanteur en ferait un peu trop dans la déprime mais on est avec eux sur la bonne voie, celle d’une musique complètement habitée, qui ressemblerait à une thérapie de groupe, à une belle aventure venue du froid mais qui réchauffe clairement les oreilles.
Sacred Bone Records – 2016