Colm aime la musique. Padraic apprécie les pintes. Sur leur île irlandaise, leur amitié suffisait à tuer l’ennui. Mais un beau jou, Colm, plus âgé et réservé, ne veut plus parler à son voisin !
C’en est fini des visites quotidiennes au pub. Adieu les promenades avec le poney de l’un et le chien de l’autre. Terminées les discussions sur le crottin ! Colm observe de son territoire isolé la guerre civile qui ravage l’autre rive et se dit que le temps passe trop vite.
Il se passionne pour son violon, cherche a écrire une chanson et invite des étudiants à jouer avec lui. Ce qui provoque le désarroi et la colère du pauvre Padraic.
Abandonné, consolé par une sœur ambitieuse, l’agriculteur vit une véritable peine de cœur.L’amitié est brisée et il ne sait pas quoi faire de ce trop plein d’émotions.
Scrutés par quelques habitants plus ou moins bienveillants, les deux hommes seront la grande attraction de la communauté. Jusqu’au drame?
C est la grande question : Martin McDonagh, brillant cinéaste, poussera-t-il ses deux personnages vers une falaise fatale ou un affrontement désespéré entre deux façons de voir l’existence ?
Les oppositions de visions du Monde ont fait l’originalité de Bons Baisers de Bruges et Three Billboards, les précédentes réalisations de Martin McDonagh. Il pousse l’idée un peu plus loin : sur une île perdue et froide, tout est appelé au dépouillement. Le film devient une étrange fable sur l’amitié et le temps qui l’use.
D’une beauté rugueuse, le film dépeint simplement une humanité en souffrance. C’est parfois drôle avec un Colin Farrell qui prouve qu’il peut être une excellent comédien. C’est aussi tragique avec le regard triste de Brendan Gleeson, masse fatiguée qui rêve de vivre enfin sa vie.
Les deux acteurs sont accompagnés par d’autres comédiens excellents. En 1920, les drames humains sont les mêmes et l’universalité a peut-être quelque chose a voir avec la désespérance. C’est un théâtre en plein air et le metteur en scène joue habilement avec le rire et les larmes.
Un peu austère et quasi ésotérique, ce film a une sorte d’intransigeance que l’on connaît peu au cinéma. Une chose est sûre : le grand air du large vous fera un bien fou.
Au cinéma le 28 décembre 2022
avec Brendan Gleeson, Colin Farrell et Kerry Condon –
20th Century Fox – 1h50