Il était habitué à nous faire marrer avec les comédies extravagantes de Will Ferrell : le réalisateur Adam McKay prend un ton plus sérieux pour les besoins de The Big Short, première fiction de gros studio à s’intéresser à la crise de Subprimes.
Une difficile épreuve car il faut s’y retrouver dans toutes ces combines spéculatives qui ont mis à la rue des millions de personnes. Des empires financiers se sont effondrés. Des carrières furent brisées. La folie a régné sur la finance durant des années et le coup de massue continue en 2015 de retentir sur les quatre coins du Monde.
Pourtant ils furent quelques-uns prévoir la crise. Ils annonçaient la fin du Monde. On les a pris pour des fous. Avec Ferrell, Adam McKay y connait un rayon pour rire de tout et il réussit habilement ce plongeon dans les chiffres absurdes et les cotations les plus hallucinantes.
Il y a bel et bien un regard de cinéaste dans cette chronique du pire. McKay a une façon bien à lui de raconter cette histoire à l’intérêt historique immédiat. Il sait diluer un peu d’humour pour insister sur les contradictions du système. Il filme malgré les apparences ripolinées des banques, l’irrationalité acceptée par tous.
Le portrait des quelques protagonistes nous entraînent dans les arcanes de la crise. Il y a le riche au grand cœur, le mathématicien, le golden boy et quelques magiciens du placement. Bien entendu, il y a l’incroyable casting.
Ils sont tous bons. Le cinéaste donne les meilleures répliques à un Steve Carell survolté. Mais surtout le cinéaste n’en fait pas des pantins au service d’une fiction à charges. Il y a de l’humanité qui déborde. On s’attache aux nombreux seconds rôles. Il y a toujours cette bienveillance américaine sans que cela vire au pamphlet patriotique. Le rapport à la crise est frontal et c’est déjà beaucoup de la part d’Hollywood, grosse machine à fric qui parfois se met à penser et pas forcément comme le voudrait son propre système.
Avec Steve Carell, Christian Bale, Ryan Gosling et Brad Pitt – Paramount – 23 décembre 2015 – 2h10