Septième album de Matt Elliott, barde torturé qui étire ses chansons avec une originalité folle et une douceur qui n’existe plus. Rare.
Son précédent disque était formidable. Le suivant a toujours le risque de décevoir. Cela arrive parfois à la première écoute. Mais très vite les qualités folk du leader de Third Eye Foundation reviennent et se rappellent à notre bon souvenir. Ce gars là est essentiel. Il devient indispensable quand on a découvert son style raffiné et déroutant.
Il ne fait pas la musique folk, champêtre, qui a des bobos à l’âme et qui soigne cela avec des refrains écorchés autour d’un feu de cheminée. Matt Elliott a bien choisi son titre: ce qui l’intéresse, c’est désormais le calme avant la tempête. Son écriture se veut plus réfléchie, apaisée mais elle reste sombre.
Il y a du Léonard Cohen chez lui, dans ce dépouillement sonore mais totalement maîtrisé pour y capturer l’émotion. Une fois de plus, son disque décompose des idées musicales sur de longues minutes sans ennuyer. Bien au contraire. Car comme un metteur en scène, Matt Elliott choisit bien ses mots et ses instruments. Les quatorze minutes du titre qui donne son nom à l’album sont passionnantes. Ses vents de folie sont dans les détails. Astucieux. Timides. Essentiels!
Il fait aussi penser à un peintre: sa musique est très visuelle. Et théâtrale. C’est dire si on a à faire à un artiste complet, éloquent, en pleine possessions de ses moyens. La différence entre la voix grave et la guitare espiègle sont la base mais les musiciens qui accompagnent Matt Elliott sont eux aussi inspirés. La discrétion, cela a du bon.
Il y a de la mélancolie, du spleen et tous les ingrédients nécessaires à la folk music mais Matt Elliott a toujours ce goût du caprice. Il ne veut pas faire comme les autres. Il s’attache à ses idées un peu déconcertantes mais sa rigueur ne gâche pas le plaisir. Il est décuplé. Sous ses airs de sage guitariste virtuose, ce type là est un ouragan! Un disque décoiffant!
Ici d’ailleurs – 2016