Punks versus Nazis! Concept fort pour film rude!
Jérémie Saulnier est finalement un cinéaste assez vieillot! Vous devez comprendre par là qu’il n’aime pas les choses qui vont vite, les raccourcis rapides et les images hystériques. Voilà un type de 40 ans qui croit aux vertus des ambiances, des atmosphères et des personnages. Son dernier film aurait pu être une grosse bouillie filmique avec un sujet aussi cru et violent.
Une bande de punks traversent les Etats Unis, sans le sou, pour une série de concerts miteux. Ils se retrouvent au fin fond d’une forêt de l’Oregon pour un concert. Manque de bol, ils tombent sur une morte dans leur loge. Les témoins gênants ne sont plus les bienvenus dans la salle de concert. Comme le propriétaire est un vieux facho qui rêve du troisième reich, la cohabitation va se révéler très compliquée…
Saulnier, auteur d’un polar sec Blue Ruin, confirme donc qu’il est un vrai metteur en scène puisque son survival est un habile jeu de chat et de souris avec des personnages tous pathétiques et un peu désespérants. Pourtant, il n’y a pas de recul ou de second degré dans l’approche du cinéaste. C’est ce qui fait toute la joie de ce film noir comme jamais et beaucoup plus intéressant que toutes les productions hollywoodiennes.
Car si le film dépeint une situation sociale complètement hallucinante de l’Amérique profonde, il ose l’intensité et la violence. Ici, la mort n’est pas spectaculaire. Au pire, elle est dégueulasse. Saulnier ne veut pas ménager le spectateur. Il est honnête. Et cela rend l’ensemble encore plus flippant. Car finalement ce huis clos ressemblerait presque à un film d’horreur.
Jérémie Saulnier s’amuse donc à nous mettre mal à l’aise, du début à la fin. Il joue les sales gosses. Et c’est tant mieux. Car son intention est de faire réagir ce qui n’est plus le cas d’un bon nombre de films. Indépendant, son oeuvre est farouche et sans concession. Franchement, si vous n’aimez pas les films tièdes, The Green Room est chaudement recommandé!
Avec Anton Yelchin, Imogen Poots, Patrick Stewart et Callum Turner – M6 Video – 2015