Trouvée chez un disquaire, cette session de ce quatuor mésestimé rappelle les grandes années de la britpop. Les John Peel Sessions ont vu passer tous les groupes britanniques sur plusieurs décennies. Certains ont cartonné. D’autres se sont retrouvés dans les galères de l’industrie du disque.
Gene n’a pas eu la chance d’appartenir à la première catégorie. L’animateur de radio John Peel est une légende du média et ses émissions nous offrent bien souvent de beaux moments de pop qui sortent parfois sur de précieuses galettes.
Avec Blur, Radiohead, Oasis et Pulp, la britpop a connu un bel essor dans les années 90 et quelques classiques qui résonnent encore dans nos têtes. Une multitude de quatuors se sont succédés pour grignoter les quelques restes du succès.
Gene n’y est jamais parvenu. Il a tout tenté. Même un authentique chef d’oeuvre du genre (« Olympian »). Ce n’était pas suffisant. Créé en 1993 par l’insolent et surdoué Martin Rossiter, le groupe a rendu les armes dix ans plus tard.
Pourtant leur discographie est plus qu’honnête. Cinq albums plutôt bons. Les hommes de Rossiter sont des lads de la classe ouvrière, qui se la jouent Morrissey et autres révoltés de la pop music. Agressifs dans leurs textes, les amis de Londres composent des petits hymnes mélodiques avec une facilité qui force l’admiration.
Leur premier opus fut le meilleur mais la suite n’a jamais démérité. Cela s’entend dans ce double album où le groupe affirme son talent pour écrire une chanson de trois minutes trente, qui balance et ne manque pas de caractère.
Il y a une vraie conscience populaire qui s’entend. L’accent est rocailleux et la voix affronte une orchestration toujours parfaite. En acoustique ou électrique, il y a quelque chose de très touchant dans ce petit groupe méconnu et c’est bien dommage.
Car il réconcilie avec le genre trop limité aux pointures. Les chansons sont empreintes d’un savoir faire passionnant et le quatuor réalise de très beaux passages avec une véritable harmonie qui prouve la sincérité de ce groupe loin d’être formaté.
La qualité de l’enregistrement permet de (re)découvrir le talent de ce groupe qu’il ne faudrait pas oublier.
L’injustice serait vraiment grossière.