Sommet du lyrisme de John Woo, The Killer est le plus romantique des films des années 80. Un vrai ballet sanglant comme on ne peut plus en faire.
Ce qu’il y a de plus beau dans les films de John Woo, ce n’est pas sa mise en scène. Pourtant elle est impressionnante. Elle va marquer à tout jamais le cinéma mondial. Scorsese bave devant la technique de son ami de Hongkong.
John Woo lui, dit être justement inspiré par Scorsese ou tous ces maîtres du polar comme l’épuré Jean Pierre Melville. Chez eux, il admire le sens de la mise en scène mais aussi la mythification des personnages.
John Woo est un grand romantique. Ses héros sont des monstres de sentiments et d’émotions. Spectateurs cyniques, fuyez l’univers de John Woo. Le réel, il s’en moque; ce qui le passionne c’est la grandiose vertu humaine.
Dans The Killer, un tueur à gages (inspiré par Alain Delon dans Le Samouraï) décide de faire le bien, aider une jeune aveugle, en remplissant un dernier contrat, poursuivi par un flic astucieux. Il pourrait faire rigoler avec ses grandes manières.
Pourtant ce dernier a des principes et des convictions. Elles le mèneront au sacrifice ultime. Mais il représente (avec le flic) cet esprit chevaleresque qui justifie le scénario généreux de John Woo.
The Killer a un aspect crépusculaire qui rappelle le cinéma de Sam Peckinpah. Pas la violence graphique! On ressent aussi chez John Woo cette vision mélancolique de la fin d’un mode de vie, d’une façon de pensée, de la mort d’un mythe.
Après ce tueur, la place sera prise par des bandes mafieuses sans scrupule. Depuis Le Syndicat du Crime, en 1985, John Woo réinvente le polar au delà sa vision fastueuse et lyrique. Nourri par une énergie du désespoir, The Killer est un film sentimental malgré sa violence. C’est Sissi avec des flingues. C’est une série B ultime, fragile et magique pour tout cinéphile!
Phrase culte: « Je pensais que ceux que je tuais méritaient de mourir. Maintenant, je crois que tout le monde a le droit de vivre »