Retour en fanfare (bidouillée) du groupe de Damon Albarn! Magique effectivement!
Il s’en est passé des choses depuis la première fin de Blur en 2003. Damon Albarn a muté en chanteur multimédia avec son groupe virtuel Gorillaz, petite révolution sonore et visuelle. Il a aussi participé à d’autres projets plus ou moins surprenants avant un premier vrai disque son nom, l’année dernière, qui a connu un beau succès.
Graham Coxon lui a continué a assumé ses choix sur des disques bien électriques. Le bassiste produit du fromage et le batteur se lance dans la politique. Blur rentrait dans la légende de la Britpop. Les membres se sont faits quelques concerts pour entretenir le mythe. Réunis en 2014 à Hong Kong pour un concert en Asie, finalement annulé, les quatre musiciens rentrent en studio et réalisent en quelques jours un nouvel album.
Après toutes ses années, les retrouvailles furent donc fructueuses. Car The Magic Whip est une clinquante réussite. Le savant cocktail entre les joyeux drilles de Parklife et les quadras un peu angoissés d’aujourd’hui. Le rythme n’est plus aussi sautillant mais il y a des idées toujours aussi pertinentes. Les Londoniens manient la musique avec un second degré rare et font un disque vraiment urbain, où se superposent des sons et des instruments sans finir en bouillie. L’expérience Gorillaz est passée par là.
Ce n’est pas de l’electro pour autant ou un mutant de la Britpop. Blur ne se renie jamais. Cela ressemble à ce que faisait le groupe à partir de 1999 et l’album 13: le groupe casse les conventions sans sonner la révolte. Tout se fait en douceur, avec une intelligence d’écriture qui a toujours fait la différence!
Stephen Street, le producteur des grands titres de Blur, fait lui aussi son retour. Ce sont de grandes retrouvailles. On assiste à un habile mélange entre les expérimentations, les bidouillages et les lignes classiques de la pop. Il y a quelque chose d’apaisé et de serein dans ce huitième album.
De l’ancienne colonie anglaise, le quatuor a retrouvé une certaine ardeur pour chroniquer nos quotidiens. La loufoquerie a disparu mais il y a cette faculté importante à comprendre notre temps et le mordre avec jouissance, à travers des chansons ici hybrides mais passionnantes d’un bout à l’autre.
Il y a des retours programmés et financiers. Ce n’est pas le cas de ce disque qui pourrait relever de la magie, tellement Blur semble ressusciter!
Parlophone – 2015