A peine on termine une chronique sur lui qu’il faut déjà penser à la suivante. Le troisième âge va très bien au Canadien Neil Young, toujours aussi engagé et enragé.
Ca commence lourdement. Une batterie cogne fort pour suivre une guitare qui fait monter la colère. Neil Young, 70 ans cette année, ne lâche rien. Il a tout connu. Il est l’un des survivants des utopies des années 60. Il est la source du grunge. Il défend l’Amérique et son humanisme. Il a grimpé au sommet des charts. Il a affronté l’industrie américaine du disque. Il est de tous les combats.
Il ne semble avoir peur de rien. Son âge de doyen le rend plus fort. Il multiplie les projets et les disques. Aidé cette fois ci par les fistons de Willie Nelson, il milite farouchement contre Monsanto, l’entreprise qui fait constamment polémique!
Il sort donc des riffs pétaradants sur des musiques farouches, franches et parfois formidables. Il déclare la guerre avec une envie d’en découdre qui fait plaisir évidemment à entendre. Les précédents albums étaient plus ou moins inspirés. Ici, avec ses petits jeunes, comme il y a vingt ans avec Pearl Jam, il retrouve une seconde jeunesse pour dire tout le mal qu’il pense de la pollution, de l’irresponsabilité de certains et des OGM en tout genre.
Comme il est foncièrement gentil, il soigne les mélomanes avec des arrêts plus bucoliques, proches de son chef d’oeuvre Harvest. Et il continue de fêter l’amour et les petites gens qui veulent vivre en toute liberté. C’est un rêveur qui se refuse au cynisme. Ce qui explique la liberté de ce disque, toujours loin de contraintes commerciales.
La voix est moins sûre mais il met les pieds dans le plat et assure des morceaux costauds, en colère et convaincants. La production est radicale car pas du tout génétiquement modifiée. Les enfants de Willie Nelson sont beaucoup moins vaporeux que le papa: ils s’appliquent à rivaliser avec les grandes heures électriques du Crazy Horse. Ils font idéalement illusion!
The Monsanto Years est un bon cru pour le Loner. Un album concept et miroir à Harvest, si calme, si apaisé. Ici, c’est la défense d’une idée de l’agriculture qui met le musicien en pétard. Puissant, son disque est dans l’air du temps et montre l’éternel talent de Neil Young. Il sème des petites graines de rock’n’roll engagé. Espèrons qu’elles vont bien grandir.
Reprise – 2015