Le rasta de l’espace revient encore une fois pour jouer au chat et à la souris avec des dingues des armes. Grand amateur de l’auto destruction, le cinéaste Shane Black nous offre un nanar presque acceptable.
Car depuis le chef d’oeuvre de McTiernan, en 1987, la saga a plutôt dégénéré. On apprécie la craditude du numéro deux mais ensuite c’est un peu la cata entre deux bastons contre des Aliens puis une tentative de reboot foireuse et sans grand intérêt.
Shane Black, déjà présent sur le premier épisode est donc la caution qui doit nous rassurer. Scénariste star des années 80, il s’est perdu avant de se refaire une légitimité avec des films insolents et audacieux (Kiss kiss bang bang, The Nice Guys). Le Predator va redevenir cette créature fascinante, entre peur primaire et haute technologie venue d’ailleurs. On veut bien le croire durant la toute première scène.
Shane Black connait la bête et ne veut pas l’abîmer. Il est là pour le sport et la chasse (mais pas que… mais ca servira pour relancer un peu l’intêret). Black pique un sprint dès son générique mais s’essouffle car le monsieur n’a plus vingt ans. Ce ne sont plus les années 80. Et face à la Marvelisation du cinéma populaire, les quelques effets gore et la bande de crétins qui affrontent le monstre font un effet de nostalgie.
Car Black est un grand cynique. Tout son ciné n’est que critique du système et bien entendu son Predator est malpoli. On est donc dans un mélange de genres: d’un coté il y a de la sf bourrine et de l’autre une parodie des douze salopards, des septs mercenaires ou de l’agence tout risque. C’est un bordel sans nom avec des aspects familiaux, des combats sanglants et des types qui font des concours de celui qui pissent le plus loin.
Ca vanne à tout va. C’est gras. Les personnages sont caricaturaux. Toute l’action est commentée. Le scénario est poussif. C’est drôle mais franchement c’est totalement bête. Mais Black semble y mettre tout son coeur dans cette attitude quasi suicidaire (le film a été remonté par le studio pour être plus présentable). Black n’essaie pas de se confronter à la mythologie du film de McTiernan mais s’amuse à tirer la langue (plus faire un doigt d’honneur en fait) au politiquement correct de la soi disante contre culture ou culture populaire.
Le film est assez mauvais mais son auto dérision parvient à le sortir de la nauséabonde redite ou d’un revival réchauffé. On rit beaucoup et on est même surpris par quelques scènes ambitieuses d’action qui donne finalement un opus inégal mais pas dénué de charmes. Le nanar au rang du geste anarchique!
Avec Boyd Holbrook, Olivia Munn, Trevante Rhodes et Jacob Tremblay – 20th century fox – 17 octobre 2018 – 1h45