Une enquête bien documentée mais un film qui pédale un peu dans la choucroute!
La performance de Ben Foster est incroyable. Tout le monde va vous le dire. C’est vrai qu’il est troublant dans son imitation du plus célèbre tricheur du cyclisme. C’est mérité pour ce comédien, habitué aux seconds rôles, découvert par Barry Levinson en 1999 dans Liberty Heights, remarqué et remarquable dans quelques séries B.
Comme un bon vieux briscard adepte des techniques de l’Actor’s Studio, Foster a du se transformer pour être cet athlète ambigu qui a fasciné puis déçu la planète. Car on croyait en ce héros magnifique, qui après la maladie, a décidé de transformer son expérience en moteur pour multiplier les victoires au Tour de France.
A n’importe quel prix ! Stephen Frears, après The Queen, semble apprécier les destins contemporains : Lance Armstrong est un personnage passionnant qui hélas n’inspire pas le scénario le plus dingue que l’on est vu. Au contraire.
De la part d’un cinéaste confirmé, on aurait pu attendre quelques prises de risques. Frears reste très sage dans sa réalisation. C’est avoué par un panneau à la fin du film : ce dernier doit beaucoup au rapport à charges qui a détaillé la fraude monstrueuse et dangereuse du sportif et de ses complices.
Le film dépeint sagement le parcours du cycliste, avide de reconnaissance et de performances. Il y a bien l’ironie anglaise, aidé par le personnage du journaliste qui a osé mettre les pieds dans le plat mais la reconstitution du milieu est faible, entre images d’archives, reconstitutions tristes et un personnage central qui vire au groteque : le bon docteur Ferrari. Le pauvre Guillaume Canet est ridicule avec sa moumoute.
Il y avait matière pour un grand film mafieux (Armstrong se comporte comme un parrain de la pègre) et Stephen Frears réalise une petite épopée, intéressante par sa documentation précise mais tristounette dans sa réalisation. Comme si la désillusion autour du héros déchu avait envahi tout le long métrage. Si peu d’énergie dans un film sur le dopage, c’est franchement bizarre !
Avec Ben Foster, Chris O’Dowd, Jesse Plemons et Guillaume Canet – Studio Canal – 16 septembre 2015 – 1h40