Loupé au cinéma, The Strangers doit être vu. Il s’agit d’un film hors du temps, hors des modes, hors de tout. Spectaculaire et intimiste, ce film coréen prouve bien la qualité du cinéma de genre de l’autre coté de la planète. Unique!
Nos amis coréens ont habitué les cinéphiles à un cinéma de genre particulièrement hardcore. Ils font généralement mieux que les blockbusters américains car ils assument totalement le cahier des charges même lorsqu’il faut que la morale soit mis en doute. Ils peuvent en faire trop, mais c’est un cinéma généreux, assez loin du cynisme commercial (il existe ne vous inquietez pas mais il se fait plus discret)!
Na Hong Jin appartient à cette génération de cinéastes! Des têtes brûlées qui arrivent à exporter leur cinéma et surtout leurs envies. On lui doit déjà deux polars musclés, The Chaser et The Murderer. Il ne fait pas dans le détail mais il vise juste et son cinéma est plus que culotté.
Il ne faut donc pas s’étonner si The Strangers déroute dès les premiers instants. Un petit village sous la pluie. Des meurtres mystérieux. Un flic dépassé. Une sorte de Seven à la campagne. Pourquoi pas? Reconnu pour ses thrillers secs, on se croit en lieu sûr mais petit à petit, son film, va glisser vers autre chose…
L’épouvante va se mêler à l’enquête et nous voilà dans un piège diabolique qui va durer plus de deux heures trente et qui pourtant ne vous ennuiera jamais. Car le réalisateur est un petit malin. Sa façon de filmer nous colle au sol mais petit à petit il va nous faire décoller, et pas seulement du fauteuil.
Il fabrique sur un polar classique, une éprouvante expérience qui ne peut pas vous laisser indifférente. Il faut accepter de se faire avoir mais c’est un cinéaste qui joue avec les attentes du spectateurs et là, il déboussole totalement son auditoire. C’est un film auquel on repense très souvent.
On ne le voit pas venir mais le cinéaste finit par nous enchaîner à une virtuosité narrative qui va dépasser tous les genres et nous faire succomber à un charme pernicieux d’un cinéma de genre qui n’a peur de rien. C’est sublime. De la maîtrise à ce niveau laisse croire que le 7e art relève vraiment de la magie.
Car au delà des effets de style, le cinéaste interroge son spectateur, le touchant sur des questions rarement abordés comme la croyance ou la religion. Ou l’humanité tout simplement. Même les longueurs assumés ne dérangent pas. Elles sont calculées.
C’est le film le plus sournois (dans le bon sens du terme) que l’on a vu depuis longtemps. Le glauque est sublimé. Les villageois si banals deviennent un enjeu majeur. La vérité n’est plus la clef de la résolution… Le film retourne sérieusement les conventions, l’air de rien. A l’image de son anti héros, incroyablement touchant.
Si vous voulez connaître une vraie expérience de cinéma, testez The Strangers!
Avec Kwak Do-won, Hwang Jeong-min, Cheon Woo-hee et Kim Hwan-hee – 20th century fox – 2h31