Il a un beau visage fin. Il a un regard clair un peu perdu. Il est un fil de fer à l’élégance naturelle. Il aime les guitares et les ambiances un peu ouatées. Steve Gunn est le mélodiste du mois.
Car le bonhomme a une discographie conséquente qui a tout de suite plus à Kurt Vile, nouveau maitre étalon du song-writing en Amérique. Il a travaillé avec tous les nouveaux héros du genre comme War on Drugs.
Il a le look de ses artistes torturés et surdoués, qui devraient finir incompris. Mais en ce début d’année, il y a de la place pour son nouvel album, The Unseen in Between, œuvre qui rappelle rapidement l’importance des mélodies et des harmonies. Et puis aussi, c’est un disque de guitariste.
Touche à tout, il aurait pris son temps cette fois. L’homme pressé a vécu un deuil et s’est mis à écrire alors pour lui-même. C’est un album d’introspection. Mais on ne s’ennuie jamais car le musicien reste le patron et ne s’abandonne pas à tout sentimentalisme. Non, c’est un disque dur et fort en guitares.
Il s’exprime à travers elles, qui embrasent des mélodies diffuses mais réellement éloquentes. Il fait penser à Neil Young par cette façon de sa cacher derrière un instrument capable d’être protéiforme. Il profite allégrement des transformations sur dix nouvelles chansons qui vont de la pop à la country.
C’est bel et bien de la musique américaine. Belle et raffinée. Elle a l’intelligence de suggérer. Elle cherche à nous convaincre que la beauté existe même dans la tristesse. Steve Gunn a eu raison de prendre son temps. Son disque est l’une des découvertes de ce début d’année. Le genre de petit plaisir qui nous fait aimer les débuts d’année…
Matador – 2019