On n’attendait pas ce tacheron de Doug Liman à ce niveau là: dépouillé à l’extrême, The Wall est un sacré bon thriller.
Normalement, quand on vous dit « Doug Liman », vous devriez penser « gros budgets pour grosses stars ». Révélé par deux petits films indépendants, Swingers et Go, il est devenu l’ami des stars. Il copine avec Brad, Angelina ou Tom. Il fait de bons gros films pour eux, sans grande saveur avec une prise de risque proche de zéro. Il n’y a pas grand chose à voir dans son cinéma. Jusqu’à maintenant.
Car le réalisateur est bien à la tête d’un petit film sur l’absurdité de la guerre. Un tout petit film voulu ainsi. Un mur. D’un coté, un militaire agonisant. De l’autre, un sniper irakien. Au milieu d’un désert chaud et étouffant. The Wall est un film à concept. Une idée simple, redoutable pour un dispositif de cinéma absolument renversant.
Car ce n’est pas un film de guerre: rapidement nous sommes dans un terrible et fluide thriller. Accroché à un soldat pourchassé mais futé, le spectateur affronte lui aussi un dépouillement total. Liman se contraint à son idée avec une précision redoutable.
Les options et les choix deviennent des moments cruciaux. Le suspense est aussi élevé que le thermomètre. En quelques scènes, Doug Liman met en pièce le film de guerre pour en faire sortir toute l’absurdité et le pathétique. L’héroisme n’existe pas. On est à l’opposé de l’American Sniper, le très surestimé film de Clint Eastwood.
Par ses choix esthétiques, et sa mise en scène précise, The Wall dépasse son sujet mais ne le dénigre jamais. C’est bel et bien dans la série B que se trouve parfois les plus intéressantes réflexions sur la guerre et même sur le cinéma et ce qu’il montre, ce qu’il met en scène. Quasi existentiel, The Wall est une surprise. De la part de son metteur en scène! Par la chaude claque qu’il nous met!
Avec Aaron Taylor Johnson et John Cena – 2017 – metropolitan film export