Grosse bouillie quadricolor, le dernier Marvel a surpris par son humour et ses choix esthétiques. Et que dire de la musique: ambitieuse et délirante.
Le monde de la musique de film ne va très bien depuis quelques années. Les auteurs n’ont plus les mêmes moyens que leurs ainés. On rabote les budgets et les compositeurs se retrouvent à faire du sound design. Beurk.
Ca explique en partie le retour du bon vieux synthétiseur. John Carpenter et sa musique dépouillés sont à la mode désormais. Les Daft Punk ont déliré sur la musique de Tron. L’électro est une solution idéale et peu couteuse.
Pour Thor Ragnarok, le peu connu Mark Mothersbaugh a eu tout de même quelques dollars pour réunir un bel orchestre et a pu s’éclater sur des arrangements spectaculaires. Il y a ici tout le plaisir de la partition épique qui donne l’envie d’envahir la Pologne, comme dirait Woody Allen. Les oreilles sont mises à l’épreuve mais c’est très entrainant.
Mais le compositeur n’oublie pas que le spectacle proposé est décalé. Il y a bien sur des cotés celtes avec des tresses pour souligner la nature nordique du super héros. On entend un choeur londonien pour montrer que le héros relève d’une religion. Mothersbaugh sort la grosse artillerie lourde pour les bastons colossales dans l’espace! Mais il a retrouvé son vieux synthétiseur pour joyeusement parasiter les élans héroïques du grand orchestre.
C’est aussi jouissif que le film. Mothersbaugh est en osmose avec le style semi parodique du film. Il en fait trop. Et alors? Autant assumer jusqu’au bout les excès et les invraissemblances. Le compositeur fait pareil: il en rajoute et finalement cela fonctionne bien. Il embrasse avec ardeur tous les clichés de la musique. On est donc dans le très classique et le très très très vintage! L’osmose se fait et on se laisse avoir par ce gros patchwork mal équilibré mais délirant.
C’est de la BO coup de massue! Normal, c’est Thor, le dieu du tonnerre et armé d’un marteau.
Hollywood records – 2017