Un simple objet peut vous ramener dans le passé et des souvenirs enfouis. Voir une diapositive dans le documentaire Toute la Beauté et le Sang Versé nous renvoie automatiquement dans les années 70 et 80, périodes où la marginalité était cachée dans les bas fonds des grandes villes.
C’est là que la jeune Nan Goldin a pris son appareil photo et observait sans fioriture ses contemporains. Des hommes et des femmes qui survivent avec leurs différences et leurs folies. Goldin n’était pas une photographe impartiale : elle n’hésitait pas à se mettre en scène dans une crudité évidemment scandaleuse pour une Amérique puritaine qui n’allait rien faire lorsque l’épidémie du Sida apparaîtrait.
La jeune femme a vue ses amis mourir et cela a nourrit son travail que l’on voit se transformer en activisme. Après Citizen Four, la réalisatrice Laura Poitras s’intéresse à ce nouveau concept mal défini : lanceur d’alerte.
Le talent de Nan Goldin est féroce car il capte frontalement le réel et trouve les zones d’ombre d’une société obsédée par la norme et le triomphe. Mais Goldin va s’investir de plus en plus. Elle n’a pas peur de parler de ses addictions et de lutter contre elles sans pudibonderie ou jugement. Ce qui va l’obliger à s’attaquer à une puissante famille américaine qui n’apprécie pas trop que l’on s’intéresse à ses secrets peu avouables.
Cette partie là est peut être un peu téléphonée avec des effets paranoïaques un peu trop appuyés. On préfère l’épatant portrait de femme en colère! Goldin commente son œuvre sans ego mais avec une nostalgie qui se mêle à l’engagement. Goldin a peur du silence qui se révèle mortel selon elle. Elle commente, elle s’implique. Elle vit ! Elle nous passionné et prouve bien que l’art est une arme redoutable. Bien plus que la politique ! Bouillonnant, ce documentaire est un acte fort et beau.
Sortie le 15 mars 2023
Pyramide – 1h57