Jean-Denis Pendanx et Stéphane Piatzszeck reviennent sur le drame qui s’est produit dans l’Océan Indien en 2004. On aurait espéré mieux de la part de ces auteurs.
Je n’ai l’habitude de ne parler que des BD que j’aime estimant que dire du mal n’est pas une position constructive. Mais que faire lorsque l’on est frustré? Que dire quand on aime les auteurs et que l’on trouve qu’ils n’ont pas été à la hauteur de leur ambitieux projet? C’est compliqué. Je tente le coup quand même.
Jean-Denis Pendanx est un auteur qui n’a cessé de progresser, de se renouveler, de chercher de nouvelles pistes graphiques et narratives. Avec Tsunami, l’originalité était encore au rendez-vous et pourtant…Je confirme mon propos. J’avais adoré le récit consacré à René Caillet, le premier occidental à avoir franchis les portes de Tombouctou au XIX ème siècle. Sublime était l’histoire de Jéronimus, sorte de Mayflower qui se termine mal entre « Aguirre la colère de Dieu » et le « Nouveau Monde ». Cette histoire revenait sur la conquête de l’Amérique en en montrant un des côtés sombres. Ces 2 récits furent écrits par Dabitch, auteur formidable s’il en est.
Comment ne pas se passionner pour les « Corruptibles » qui revenait sur certains aspects de l’Afrique contemporaine où toutes les communautés en prenaient pour leur grade depuis les anciens colonisateurs jusqu’aux potentats qui cherchent à s’enrichir sur les populations qu’ils gouvernent. Que dire enfin de Svoboda! commis avec Kris au scénario. Un épisode peu connu de la Première Guerre Mondiale racontant l’odyssée d’une compagnie tchèque au travers du journal imaginaire d’un soldat.
Tsunami, c’est l’histoire d’un jeune homme qui 10 ans après le drame que connu cette partie du monde (on se souvient des images dramatiques illustrant la mort de plus de 200 000 personnes entre la Malaisie, l’Indonésie, l’Inde et le Sri Lanka) décide de partir à la recherche de sa soeur aînée, infirmière partie aidée les rescapés. On peut déjà être surpris de constater qu’il met 10 ans pour se tirer les doigts du C…pour aller chercher cette soeur qu’il admire tant! C’est vrai ce n’est pas un héros juste un petit occidental un peu pommé. Pas le profil d’un héros, c’est sûr…
Si le dessin de Pendanx est magnifique, laissant transparaître la violence du drame dont les cicatrices demeurent présente 10 ans après, les pistes explorées par les auteurs sont nombreuses mais aucune d’entre elle n’est vraiment aboutie. Leur volonté était elle dans la description du parcours initiatique du jeune frère qui cherche à se construire sur les traces de sa soeur? S’agit-il de nous montrer que 10 ans après, la reconstruction est loin d’être achevée? Les auteurs veulent ils nous faire voir comment les autochtones se sont adaptés à leurs nouvelles conditions de vie?
Tout cela et bien d’autres choses sont ici effleurées, mais rien n’est approfondi voilà bien l’écueil de l’album pourtant riche de 110 pages. Même si l’album n’est pas superficiel: il y a une véritable intention et l’on sent poindre l’humanisme des auteurs. Alors si Tsunami n’est pas une véritable réussite il vous travaille longtemps à l’instar des fantômes qui traversent l’album. Donc ne serait-ce que pour les illustrations de Pendanx et la tentative de Piatzszek de parler d’un sujet difficile, on ne peut que saluer le défi que se sont imposés les auteurs.
112 pages chez Futuropolis