Il s’était fait plutôt discret. Son animalerie avait fini par un peu lasser. Thomas Fersen continue de jouer le fermier de la chanson française et finalement, il nous avait pas mal manqué. La musique est dans le pré!
Des cordes sautillent pour introduire la voix cassée de Thomas Fersen, adepte de la poésie à la Prévert et gentil défenseur de la chanson française feutrée mais gouailleuse. Les animaux s’invitent toujours dans ses chansons et ses pochettes d’albums: il revient cette fois ci avec une vache.
Et puis il y aura un cochon et un lièvre. Et bien d’autres! Thomas Fersen ne se refait pas. Il aime les bêtes et il le chante dans de champêtres compositions qui ressemblent très souvent à des fables. On pense bien entendu à La Fontaine. Ce qui est assez rare lorsque l’on écoute un disque! Et c’est gage de qualité!
Après sa rupture avec sa maison de disque, il a pris son temps pour sortir ce dixième album qu’il a fait tout comme un grand. Il a donc fait confiance une fois de plus à son vieux complice, Joseph Racaille, arrangeur de génie et musicien atypique. Ce dernier entoure donc le chanteur d’un quatuor à cordes à l’espièglerie réjouissante.
Là se fait toute la différence avec tous les autres artistes de sa génération. Mine de rien, par petites touches, il renouvelle son style. Il cultive toujours son amour pour les animaux mais parvient à raconter avec une fantaisie foisonnante les petits affres de la vie et le sel du quotidien.
Surréalistes mais incisifs, ses textes sont de nouveau mouche sur une musique franchement originale (expression qui devrait lui plaire). Il tournait un peu peu en rond comme un poisson dans son bocal, mais il semble bien qu’avec ce dixième album Fersen a mangé du lion…
Editions Bucéphale – 2017