Une bande de militaires à la sortie d’un hotel. Quelques gueules de bois et des blagues vaseuses. Ces militaires sont des survivants. Ils sont le visage de cette Amérique qui défend la Nation en Irak. Ils sont jeunes. Ils tentent de sauver les apparences dans les médias. Mais il y a en fait un spleen sourd mais omniprésent.
On a parlé de deux films de guerre cette semaine. Deux fois, la guerre y est dénoncée. Cette fois ci cela va un peu plus loin: Ang Lee dénonce sans concession la société américaine. Sorti au cinéma sur la pointe des pieds, le film mérite d’être vu. Il doit être vu. Car il montre les effets de la guerre et l’aveuglement de ses contemporains.
Cela n’empêche pas Ang Lee de faire de nouveau un film avec des trouvailles simples et sensationnelles. L’Irak et la tournée médiatiques de jeunes soldats se répondent dans un récit de plus en plus poignant autour d’un jeune Américain qui devient un héros malgré lui.
Bien entendu, la critique n’est pas nouvelle. Le jeune Caporal renvoie l’image d’une société superficielle, complètement à coté de la plaque, obsédé par la consommation, le spectacle et l’image. Mais les sauts dans la vie de Billy Lynn entre sa journée de représentation dans un match de football américain et son service dans l’enfer irakien font réfléchir. Rien n’est anodin. La démonstration est entendue mais quelle maestria!
Lee est un vrai auteur américain dans le sens où il met tout à disposition pour défendre une idée ou un récit. C’est ce qui fait la force (visuelle) de son cinéma. Nous sommes en immersion (le film a été tourné avec un procédé 3D révolutionnaire) dans le calvaire post moderne de Billy Lynn, héros au triste regard. Il est effectivement question de perception dans ce film. C’est une oeuvre qui secoue et dérange. Au delà de la technique, la colère de Ang Lee est comprise et partagée. Comme une grenade dégoupillée, ce film fait un effet terrible!
Avec Joe Alwyn, Garrett Hedlund, Kristen Stewart et Steve Martin – 2017 – Sony