Le roman de Martin Winckler n’est pas résumable, il part dans beaucoup de directions et on les suit toutes avec intérêt. Le livre ne se lit pas, il se dévore.
La collection Interstices chez Calmann-Lévy a vraiment le don d’éditer des livres originaux et qui sortent à chaque ligne des sentiers battus. Un pour deux, le dernier roman de Martin Winckler ne fait pas exception à la règle et c’est tout à l’honneur de cette collection, à l’heure où l’on a tendance à répliquer les recettes qui ont déjà fait leurs preuves.
Martin Winckler est connu à la fois comme l’auteur de La maladie de Sachs (prix du Livre Inter en 1998) et comme amateur érudit de séries télévisées. Alain Carrazé et lui, ont beaucoup œuvré pour qu’on prenne en France, conscience du fait que la vitalité artistique était du côté d’Oz, de New York Law and Order sans parler desSopranos et de Six feet under. Martin Winckler est également un médecin courageux, qui faisait des chroniques matinales sur France Inter et s’est retrouvé tricard parce qu’il s’était attaqué aux lobbies pharmaceutiques.
Bref Martin Winckler (c’est un pseudo) est quelqu’un qui n’aime pas rentrer dans une case et qui a plusieurs cordes à son arc. Un pour deux est le premier volet d’une trilogie.
Dans ce premier opus, on retrouve toutes les passions de l’auteur, à savoir : le goût des intrigues policières, des ambiances étranges et des personnages décalés, le regard d’un humaniste sur les dérives d’une société et notamment au niveau médical. La science-fiction et le fantastique sont traités comme des moyens permettant de décrypter ce qui se passe dans notre société actuelle et que nous ne savons pas voir.
L’histoire se passe en 2010, dans une grande ville du centre de la France, Tourmens. Le maire de la ville est un homme de petite taille marié à un mannequin connu. C’est un obsédé des Etats-Unis et de la télésurveillance.
Le mannequin connu Clara Massima fait appel aux services d’une agence de sécurité tenue par deux jumeaux au même prénom, René et Renée, spécialistes d’escorte et de sécurité rapprochée au doux nom de Twain Peeks. S’ensuit une ténébreuse affaire où les lobbies pharmaceutiques n’ont pas le beau rôle.
Mais le plus intriguant, c’est le mystère que cachent les deux jumeaux à propos de leurs identités. Mystère qui rapproche Martin Winckler de La quatrième dimension.
Ajoutons à cela qu’à une époque où les écrivains font du style comme d’autres de la mauvaise graisse, il est rafraichissant pour l’esprit que Winckler se contente de raconter son histoire abracadabrante et stimulante dans la plus grande sobriété.
Tout ça pour dire que si Alexandre Jardin ou Marc Levy vous font kiffer et vous donnent de bonnes vibrations, Un pour deux de Martin Winckler risque de vous filer un électrochoc salvateur.
280 pages – Calmann Levy