Nanni Moretti nous emmène dans son monde, un univers fait de petites manies qui virent parfois à l’obsession et de petits plaisirs consolateurs.
J’aime bien Nanni Moretti, son oeil vif, sa poésie, sa diction parfaite (il faut absolument voir ses films en version originale !). Ce réalisateur me fait rire, j’aime son humour décalé et empreint d’anxiété. Quand je bois un verre d’eau fraîche après un expresso, je pense toujours à la scène finale de Journal intime, un film de 1994 (quasi 30 ans, déjà !) auquel Vers un avenir radieux fait de multiples références. Nanni Moretti c’est mon enfance, mon Italie de rêve.
À l’annonce de son nouveau film, je me demandais : Est-ce que ce réalisateur vieillit bien? Ou est-ce qu’au contraire il tourne mal comme Woody Allen (autre idole comique de mon enfance, quand ma maman m’emmenait voir Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe)?
Dans Vers un avenir radieux, comme à son habitude, Nanni Moretti se met en abime en filmant un tournage et en digressant sur ses difficultés à réaliser un film. Ici, son personnage (lui-même, donc) s’est mis en tête de faire un grand film sur la grande époque du PCI (le Parti Communiste Italien qui, dans les années 50 regroupa jusqu’à 3 millions d’adhérents !). Mais c’est sans compter sur mille embuches qui se dressent sur son chemin : un producteur véreux (Mathieu Amalric), une épouse lassée, un gendre inattendu et surtout, surtout, une comédienne qui porte des mules. Des mules, rendez-vous compte, quelle horreur !
Pendant une heure et demie, Nanni Moretti nous amuse de son caractère ridiculement angoissé et intransigeant, mêlé à une capacité à apprécier les petits plaisirs de la vie (regarder des films en mangeant des glaces, chanter des chansons ou déambuler dans une ville qu’on aime – en l’occurrence Rome).
En plus de cette leçon de vie, Nanni Moretti nous donne une belle leçon de cinéma, rendant hommage à un cinéma à l’ancienne, avec de vrais décors. Il fustige la facilité qui consiste à se vautrer dans la violence gratuite et la pauvreté des récits proposés par les plateformes de diffusion (cf. la scène désopilante du rendez-vous chez Netflix).
Certes, j’aurais préféré que le film s’arrête dix minutes plus tôt ; sur cette magnifique scène tourbillonnante. Reste que j’ai pris beaucoup de plaisir à visionner ce film rafraichissant.
Mais je suis rassuré : la magie Moretti opère encore !
Il sol dell’avvenire
au cinéma le 28 juin 2023