Voulez vous que l’été ne soit pas trop pourri? Voulez vous que l’on ne parle pas de football? Voulez vous tout simplement vous faire plaisir? Rencontrez l’hédonisme serein d’Emmanuel Tugny.
Diplomate, universitaire et mystérieux, le chanteur Emmanuel Tugny est un secret bien gardé de la variété française. En ce moment, il est en Egypte. Cela ne l’empêche pas d’écrire un nouvel album après le boisé Les Variétés. Il revient avec des cordes tendues et des paroles subtiles. C’est ce qui est amusant chez ce type là: il a des airs de grands barons: on pourrait imaginer un cousin français et décalé de Neil Hannon, grande référence de la pop lyrique!
Lui aussi il aime mettre de l’emphase dans de petites musiques de chambre où la voix psalmodie plutôt qu’elle ne chante. Il a un coté blasé qui le rend charmant. D’ailleurs parfois il laisse sa place à d’autres pour chanter. Il y a de jolies surprises comme Mireille Perrier, vue chez Leos Carax et Eric Rochant. Tugny ne prend son travail à la légère: on apprécie la douceur des mélodies et l’orchestration qui ne manque jamais la moindre élégance.
On pense à Divine Comedy mais aussi au meilleur des High Llamas: à l’écoute, il y a de la finesse qui s’affirme un peu plus à chaque refrain. Les gentilles envies désaxées de Tugny sont en réalité un raffinement assumé. On tombe sous le charme de cuivres, sortis d’une bande son d’une comédie des années 70.
Comme dans son album précédent, on passe du temps avec un dandy décadent aux manières assez charmantes. Ses chansons sans prétention sont parfois répétitives ou trop loufoques mais elles expliquent le goût du bonhomme pour les contrastes, la poésie et les interrogations qui n’offrent que des réponses ouvertes. C’est un disque étrange, un regard nouveau sur la chanson française!
Rue Stendhal -2016