Pour terminer les vacances en beauté, que diriez-vous d’une randonnée dans les Cévennes avec un écrivain et une ânesse ?
Pour se remettre d’un chagrin d’amour, l’écrivain écossais Robert Louis Stevenson (à qui l’on doit notamment Dr Jekyll & Mr Hyde et L’île au trésor) s’est lancé à la fin de l’été 1878 dans la traversé les Cévennes. 220km à pied dans un pays reculé où « il n’y a que des châtaignes et des oignons« . Cette aventure a donné un livre intitulé Voyage avec un âne dans les Cévennes, aujourd’hui adapté au théâtre.
Maintenant que la randonnée est devenue une chose commune, on pourrait s’étonner que ce livre soit devenu un classique. Cela s’explique sans doute par le fait qu’il s’agit de l’un des tout premiers récit de la marche en tant que telle. « Je ne voyage pas pour aller quelque part, je voyage pour voyager, pour le plaisir de marcher. »
Il faut dire aussi que Stevenson a un talent certain pour nous faire vivre l’aventure par procuration, talent partagé par la metteuse en scène Fanette Jounieaux. Pendant une heure, on part à l’aventure et l’on s’attache à Modestine. On marche sur des chemins difficiles, on dort à la belle étoile, on croise des aubergistes, des moines, des fermiers, des serveuses et autres paysans pas toujours très honnêtes ni accueillants de prime abord : « Je ne parle pas aux colporteurs ! ». Les rencontres sont drôles, belles, poétiques, mais la plus importante de toutes, c’est la rencontre avec Modestine, l’ânesse rétive mais charmante qui accompagne Stevenson dans son périple. Tout au long du voyage, elle sera sa meilleure amie et même la confidente à qui il livrera ses peines de cœur. Elle lui en fera baver aussi parfois, avec son caractère bien trempé.
Magie du théâtre, Modestine est aussi personnage central sur la scène du Funambule. C’est une comédienne qui – par une petit artifice bien trouvé – incarne l’ânesse d’une façon surprenante, amusante et convaincante.
Cette adaptation est très bien fichue. Beaucoup de choses passent par le son, il y a de nombreux bruitages qui sont fait à la vue du public, comme les changements de costumes (il n’y a, pour ainsi dire, pas de décor). La mise en scène et la scénographie sont efficaces, avec peu de moyens. Un comédien incarne Stevenson tandis que trois autres se partagent le reste des nombreux personnages.
C’est un beau moment de théâtre et j’ai regretté que ma fille de 9 ans ne m’ait pas accompagné car elle aurait été fascinée par ce spectacle qui se fait devant nous.
Jusqu’au 3 septembre 2023
Au Funambule Montmartre (53 rue des Saules 75018 Paris)
Tout public | durée 1h15